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La disparition de Francis Dreyfus

Le vendredi 25 juin 2010, par Laurent Sapir

La crinière était couleur argent. L'accent ? Celui d'un "titi de banlieue chic", comme l'avait écrit un jour un portraitiste inspiré dans les colonnes de l'Express. Avec Francis Dreyfus, le jazz  perd un producteur de coeur, un mélomane qui refusait tous les ostracismes, un indépendant qui cultivait d'abord le sens du swing avant celui des affaires.

Descendant du capitaine Dreyfus par son père, le futur producteur passe son enfance au Raincy, en Seine St Denis, au milieu des toiles de maître dont ses parents raffolent. Il entre à Sciences Po et n'y reste pas bien longtemps, écoeuré par un professeur antisémite. Il crée parallèlement un club de jazz, faisant l'aller retour permanent entre Paris et sa banlieue pour dénicher des musiciens et les persuader de venir jouer au Raincy. Peu à peu, il passe à la promotion puis à la production. Sylvie Vartan était au lycée avec lui. Il sera son éditeur.

Francis Dreyfus fait ensuite un tabac avec la BO du Manège Enchanté... On est en 1963... Il découvrira par la suite Christophe, Bashung, Lavilliers, avant de toucher le jackpot avec Jean Michel Jarre... Nous savons bien, à TSFJAZZ, ce que Francis Dreyfus a fait de ce jackpot... Petrucciani, c'est lui qui l'a propulsé... Didier Lockwood, Richard Galliano, c'est encore lui... Le  regain de fortune d'Ahmad Jamal en France, les disques de Marcus Miller, la nouvelle liberté d' Aldo Romano, la découverte Franck Avitabile, la  révélation Anne Ducros, c'était  aussi Francis Dreyfus. Ces dernières années, il avait enrôlé sous sa bannière toute la nouvelle génération de jazz manouche, Biréli Lagrène en tête...  Francis Dreyfus refusait à la fois les diktats du Top 50 et les subventions trop faciles... Ce producteur là était d'abord un artiste... Un vrai.

Francis Dreyfus (2 mars 1940-24 juin 2010)

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