Direct
THE NEARNESS OF YOU
KENNY BARRON

Jazz à la Maison-Blanche

Le samedi 07 novembre 2020, par Laurent Sapir
Alors que Joe Biden s'ouvre les portes de la Maison-Blanche et que son rapport à la note bleue paraît quelque peu en pointillés, retour sur la sensibilité jazz de certains de ses prédécesseurs.

Pas de contamination en vue ce 18 juin 1978 dans la roseraie de la Maison-Blanche, si ce n'est la joie qui se propage... sans masques. Dizzy Gillespie anime alors un sextet d'enfer à l'occasion des 25 ans du Newport Jazz Festival. À ses côtés, Dexter Gordon au saxophone, Herbie Hancock au piano, George Benson à la guitare, Ron Carter à la contrebasse et Tony Williams aux drums. Le facétieux trompettiste fait ensuite monter sur scène le président de l'époque, Jimmy Carter, souvent caricaturé pour son passé de planteur de cacahuètes, et il lui fait chanter... Salt Peanuts !  "C'est la seule fois durant tout mon mandat où le New York Times m'a félicité pour mon sens du rythme ", dira l'ex-président dans un chouette documentaire sur ses goûts musicaux récemment diffusé sur Arte.

Fascinante période où le jazz s'éclatait à la Maison-Blanche... Jimmy Carter célébrait alors une "forme d'art propre aux États-Unis " et réconfortait Charles Mingus cloué sur sa chaise roulante après une attaque. Presque 30 ans plus tard en 2016, toujours à la Maison-Blanche à l'occasion de la Journée internationale du jazz, Barack Obama exaltera à son tour un "langage commun partant vers l'inconnu, à la fois l'ultime cri du cœur d'un individualisme farouche (vous montez sur scène sans rien avec vous, à part votre instrument, et vous improvisez et créez spontanément...) et l'expression la plus vraie d'une communauté ". Il ranimera également l'esprit de Dizzy Gillespie qui, lors de sa mémorable candidature à la présidentielle de 1964, promettait de rebaptiser la Maison-Blanche en Maison du Blues -Blues House et non plus White House.

La note bleue a aussi été célébrée côté républicain même si c'est devant un démocrate, Harry Truman en l'occurrence, que le vibraphoniste Lionel Hampton fut en 1949 le premier musicien noir à se produire devant un président des États-Unis. Richard Nixon réserva quant à lui un cadeau royal à Duke Ellington le 29 avril 1969 en lui décernant la "Presidential Medal of Freedom", la plus haute distinction civile américaine- pour ses 70 ans. À travers le légendaire pianiste et chef d'orchestre, il saluait alors celui qui "a porté, par sa musique, le message de la liberté à toutes les nations du monde". 

Applaudissements plus polis dans l'assistance lorsque, dans sa réponse, Duke Ellington rappela, dans un contexte de troubles raciaux déchirant l'Amérique, que parmi les libertés fondamentales figurent "celle qui nous libère de la présomption que nous avons de nous croire supérieur à notre frère humain ". Reagan et Sinatra, Clinton et son saxophone... La Maison-Blanche a encore continué à swinguer. Donald Trump, hélas, aura réservé ses seuls chorus à ses tweets. Et Joe Biden ? Peu d'éléments, pour l'instant, sur sa sensibilité musicale, si ce n'est ce lapsus sympathique de mars dernier, quand il avait trébuché sur le nom de Charlie Baker, le gouverneur du Massachusetts, en le rebaptisant... Charlie Parker !

7 novembre 2020-Joe Biden élu président des États-Unis selon les principaux médias américains.

 

 

Partager l'article
Les dernières actus du Jazz blog