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Death to 2020

Le jeudi 07 janvier 2021, par Laurent Sapir
Humour ravageur, casting détonnant... Il n'en faut guère plus pour faire du documentaire parodique "Death to 2020" l'incontournable de ce début d'année sur Netflix. Un propos, qui plus est, d'une lucidité implacable sur les maux de notre époque.

La fin de mandat de Donald Trump et la pantalonnade du Capitole dans laquelle se sont engouffrés ses fans font quasiment office de post-scriptum à Death to 2020, cette rétrospective en forme de faux documentaire qui résume avec beaucoup de justesse une année sous stéroïdes où tout s'est confondu: le vrai et le faux, les écrans et le réel, la citoyenneté et l'abrutissement. Pas étonnant de retrouver derrière les manettes les créateurs de la série d'anticipation Black Mirror, Charlie Brooker et Annabel Jones.

Les feux en Australie, le COVID, George Floyd, l'élection américaine... Inventaire au vitriol intercalant entre de vraies images d'archives des interviews face caméra d'un journaliste, d'un historien, d'une psy ou alors d'une citoyenne lambda qui s'avèrent, quant à eux, de purs personnages de fiction interprétés par du beau monde, de Samuel L. Jackson à Hugh Grant en passant par Tracey Ullman, la seule à incarner une personnalité réelle puisqu'elle joue la reine d'Angleterre.

Derrière l'humour souvent ravageur et parfois glaçant, les punchlines de Death to 2020 résument tout. Un magnat de la technologie se dit prêt à réduire de six mois à cinq minutes le temps d'exposition aux réseaux sociaux pour qu'un internaute soit entièrement radicalisé. Lisa Kudrow, qui joue une porte-parole autoproclamée de Trump, assure devant les caméras que l'Ukraine n'existe pas alors même que ce pays a été au cœur d'une procédure d'empeachment contre le président sortant américain en début d'année. "Je choisis de croire que ce n'est pas le cas ", insiste-t-elle...

Sidérante prestation également de Cristin Milioti en jeune et souriante mère de foyer qui part soudainement en vrille en relayant toutes les thèses complotistes. Dans la peau d'une totale névrosée confinée par temps de coronavirus, Diane Morgan est encore plus tordante, surtout lorsqu'elle affirme que  la solitude a généré chez elle un "trouble de personnalité multiple " d'autant plus délicat à gérer qu'elle "doit garder sans cesse deux mètres de distance avec elle même "... Maudit virus, décidément. Il a d'abord déconcerté les médecins, nous rappelle Death to 2020... avant de les tuer.

Délibérément américano-centré (jusqu'à concéder une chute de rythme au milieu du récit autour des manifestations antiracistes et de l'heureuse fortune de certains youtubers en pleine crise sanitaire...), le propos se muscle davantage en abordant l'élection du 3 novembre aux États-Unis. Les moqueries sur l'âge de Biden, ce "héros de la Guerre Civile " que la reine Elizabeth trouvait déjà bien vieux lorsqu'il fut présent à son couronnement en 1953, font mouche à tous les coups. Quant à son rival, "l'homme-porc expérimental ", il se suffit presqu'à lui-même. "La seule chose positive, balance la psy brut de décoffrage jouée par Leslie Jones, c'est de regarder Trump perdre encore et encore. C'était comme regarder un homme tomber du gratte-ciel et tenter d'y faire disparaître le trottoir avant de s'écraser "... Vous avez dit prémonitoire ?

Death to 2020 par les créateurs de Black Mirror, à voir en ce moment sur Netflix. 

 

 

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