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Dansez sur moi

Le mercredi 27 janvier 2021, par Laurent Sapir
Pour ses premiers pas de chanteur, Gad Elmaleh réinvente tout en délicatesse l'univers de Claude Nougaro avec le concours d'une véritable armada de grands noms du jazz.

Aux trolls de la dérision qui l'ont pris pour cible, il n'a jamais offert que trois sortes de réponses: réussite, pudeur et prise de risques. On ne peut mieux résumer la nouvelle aventure de Gad Elmaleh. Avec ce Dansez sur moi rudement bien fichu dont le label Blue Note s'apprête à déployer toute la chaleur humaine et musicale, l'humoriste se love dans le répertoire de Claude Nougaro sans prétendre le moins du monde l'imiter. Le faire revivre sur disque entouré de quelques cadors du jazz suffit à son bonheur et au nôtre. 

Le pari pouvait sembler au départ aussi gonflé que le fait de larguer les amarres sur l'autre rive de l'Atlantique ou alors de s'improviser animateur (désormais régulier) sur TSFJAZZ. Même pas peur... Fraîcheur et luminosité aidant, et sans même parler de son propre bagage jazzistique, Gad Elmaleh a su trouver avec notamment le concours du pianiste Jeremy Hababou les ambiances, les histoires et les arrangements qui font de cet album de reprises une création en soi. Bidonville en apporte la démonstration la plus spectaculaire : on est comme transporté au fin fond du Maroc, Ibrahim Maalouf et Angélique Kidjo sont de la fête, Karim Ziad apporte ses percus gnawa. Voyage garanti.

Une intro à la guitare électrique de Biréli Lagrène, et nous voici embarqué avec le même allant dans Cécile, Ma fille. Le guitariste revient en seconde séance dans le titre éponyme de l'album avec cette fois-ci le renfort classieux du Amazing Keystone Big Band. Le langoureux Rimes semble tout emprunt de mélancolie foraine en duo avec l'accordéoniste Richard Galliano tandis que les claviers d'Eric Legnini font de Nougayork une sorte de messe intime made in America, aux antipodes de la rythmique dansante et festive qui marquait tant la version originale.

Chaque musicien finalement apporte son approche personnelle au gré des morceaux. Aucun d'entre eux n'est catalogué comme "accompagnateur" au sens étroit du terme. La voix de Gad Elmaleh, presque comme une bulle, se pose tout en délicatesse dans ces univers différents. Pour le reste, et à l'exception d'un touchant "mon païs " dans la reprise de Toulouse, le chanteur se tient à distance des arabesques à l'accent et des scansions propres au "petit taureau " occitan, même s'il en respecte la diction.

Moins velouté que celui de Thomas Dutronc qui l'accompagne sur Tu Verras, son timbre sombre et doux chemine au gré de ses propres battements de cœur. D'autres guitares encore, celles de Louis Winsberg et Adrien Moignard, ainsi que Thomas Bramerie à la contrebasse, en font résonner les attraits jusqu'à nous convaincre à quel point face aux trolls de la dérision, c'est bel et bien l'émotion qui a le dernier mot. Et la dernière note, bleue de préférence.

Dansez sur moi, Gad Elmaleh (Blue Note). Sortie ce 29 janvier. Gad Elmaleh était l'un des invités ce soir de Caviar pour tous, Champagne pour les autres, sur TSFJAZZ. Podcast dans la journée de jeudi.

 

 

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