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MY FUNNY VALENTINE
CHRIS TORDINI / BECCA STEVENS

Dallas Buyers Club

Le samedi 25 janvier 2014, par Laurent Sapir

Quel matamore, ce Ron Woodroof ! Sexe, drogue, rodéo... Le type affiche sans vergogne toutes les tares du bad boy texan, macho et surtout homophobe. Jusqu'au jour où il chope le VIH au détour d'un rapport non-protégé. Notre cow-boy fêtard n'en croit pas ses yeux. Lui, atteint de "la maladie des pédés" ? Plus que 30 jours d'espérance de vie ? Aucun médicament-miracle ? C'est là que s'enclenche cet instinct de survie qui vous change un homme du tout au tout.

Comme on est au milieu des années 80 et qu'Internet en est encore au point mort, Ron Woodroof file tout droit dans une bibliothèque. Vu son profil, c'est déjà un véritable acte révolutionnaire. Il découvre alors  l'existence de médicaments alternatifs, les bâtons dans les roues lorsqu'il s'agit de les homologuer sur le territoire américain et à fortiori, tout le blé qu'on peut en tirer à les importer en contrebande à partir de l'étranger. Histoire vraie et étonnamment méconnue en Europe. Ron Woodroof a finalement survécu sept ans au Sida. Il a entre-temps rassemblé d'autres malades (homosexuels pour la plupart) en quête de guérison avant d'engager, face aux laboratoires et aux autorités fédérales jalouses de leur monopole, le combat du pot de terre contre le pot de fer.

C'est avec beaucoup de tact et un sens de la fantaisie inattendu sur ce type de sujet que le Canadien Jean-Marc Vallée a filmé les métamorphoses de son héros. Tournage rapide, lumière naturelle, blues satiné de Shuggie Otis en guise d'ouverture musicale du côté de la B.O... Le film n'est inhibé par aucune lourdeur, aucun effet en trop. Il a presque l'allure, parfois, d'un divertissement. L'émotion qui s'en dégage n'en est que plus authentique, ne serait-ce qu'à travers le lien à la Macadam Cowboy qui se tisse entre le dealer philanthrope et son associé transsexuel, lequel bénéficie d'une composition à la fois poignante et délirante du musicien Jared Leto.

Sourire en coin, rayonnant de courage et d'humanité, à fleur de peau dans ses accès de violence comme dans les actes de tendresse qui finissent par transcender son personnage, Matthew McConaughey nous livre une performance qui fera date dans la peau amaigrie de Ron Woodroof. Aussi imbuvable au départ qu'irrésistible ensuite, un peu comme  Jack Nicholson dans Vol au dessus d'un nid de coucou... Un Oscar imminent devrait très certainement  le confirmer comme l'un des acteurs les plus incontournables du moment.

Dallas Buyers Club, de Jean-Marc Vallée (Sortie en salles le 29 janvier). Coup de projecteur sur TSFJAZZ, le même jour, avec le réalisateur (12h30)

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