Il fallait bien que ça arrive un jour : après une succession de cinq films d'une densité narrative exceptionnelle ("Mémoires de nos pères", "Lettres d'Iwo Jima", "L'échange", "Gran Torino" et "Invictus"), le nouveau Clint Eastwood est une catastrophe intersidérale...
Cet "Au-delà", à vrai dire, ressemble à tout, sauf à un film de Clint Eastwood, ne serait-ce qu'à travers la B.O : Rachmaninoff, Bizet, Puccini... Le réalisateur de "Bird" swingue désormais d'une bien étrange manière. Le thème, ensuite: adieu les grandes reconstitutions et autres ballades mythologiques ancrées dans l'Amérique profonde. Clint Eastwood verse ici dans le paranormal à travers les destins d'une journaliste française, d'un ouvrier américain et d'un gamin londonien qui partagent tous les trois la même hantise concernant le passage vers l'au-delà.
Bon, il paraît que c'était une commande de Steven Spielberg et qu'Eastwood passait là par hasard... Le résultat, au final, fait peine à voir, notamment au niveau du montage des séquences: Paris, San Francisco, Londres, Paris, San Francisco, Londres... Au bout de la 3ème série, on a très vite envie de voir toutes ces trajectoires se croiser, même si c'est au prix d'un dénouement qui verse dans le mélo le plus surréaliste. La partie londonienne est la plus larmoyante, avec ce pauvre gosse amputé de son frère jumeau et qui n'a de cesse que de trouver le charlatan le plus habile à lui faire croire qu'on peut parler aux morts. La partie américaine est tout aussi laborieuse, avec un Matt Damon qui en fait vraiment le minimum dans le rôle d'un brave prolo encombré par ses talents de médium, lesquels visiblement l'empêchent de filer le parfait amour avec la dulcinée de son coeur...
On garde le meilleur, si on peut dire, pour la fin: Cécile de France, donc, dans le rôle d'une présentatrice de France Télévision qui donne un peu dans le revival Béatrice Schönberg... De retour à Paris après avoir failli périr lors du Tsunami de 2004 dans l'Océan Indien, elle tente en vain de faire partager ses questionnements métaphysiques sur le passage entre la vie et la mort, mais personne ne la prend au sérieux, et surtout pas le spectateur... Il est vrai que lorsque la comédienne, dans une scène sortie de nulle part, se met à parler de François Mitterrand en alignant les clichés les plus éculés sur l'ancien président, on se demande vraiment si Clint Eastwood est toujours derrière la caméra...
"Au-delà", de Clint Eastwood (sortie en salles le 19 janvier)