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Abutbul Music

Le mardi 12 avril 2016, par Laurent Sapir

Chauffe, Omer, chauffe ! Le contrebassiste israëlien Omer Avital avait, l'autre soir, le sourire du garnement qui met le feu au New Morning. Avec dans ses bagages son disque le plus infernal, ce Abutbul Music qui mord là où il faut, délaissant les rythmiques world, dansantes et parfumées dont son New Song du printemps 2014 avait été le point d'orgue pour un jazz en pleine symbiose avec les climax hard-bop des années Blue Note.

L'option d'un quintette à deux saxophones (Asaf Yuria et Alexander Levin) n'est évidemment pas anodine dans l'amplitude et la virilité de cet album dont la géographie musicale pencherait presque d'avantage vers New-York que Tel-Aviv. On ne ressent d'ailleurs que très peu la coloration orientale dans les premiers titres (Muhammad's Market, Afrik...), funky à souhait. Et quand survient l'orientalisation, elle n'est, pour ainsi dire, qu'une orientation. Omer Avital ne s'embarrasse pas d'arabesques superflues qui risqueraient d'atténuer les élans à la Jazz Messengers de sa nouvelle formation.

Difficile, en même temps, ne serait-ce qu'à travers le titre du morceau, de ne pas être sensible au climat particulier de New Yemenite Song. Le jazz de chauffe qui emmène la mélodie y trouve un prolongement extraordinaire avec la partie au piano de Yonathan Avishai. Effluves moyen-orientales ? À fond, même si on a aussi l'impression d'être plongé en plein Temps des Gitans ! Entre Israël et les Balkans, après tout, il y a au moins la Méditerranée comme point commun...

C'est le même Yonathan Avishai qu'on retrouve dés l'entame de l'autre grand morceau de l'album, Ayalat Hen, un shuffle endiablé qui prouve tout le champ des possibles dont est capable Yonathan lorsqu'il ne se limite pas à une tonalité impressionniste, à l'instar de sa partition toute en délicatesse dans le récent Into the Silence, le disque à l'esthétique ECM très marquée du trompettiste Avishai Cohen... C'est tout le panache d'Omer Avital que d'avoir emmené son pianiste sur des rivages où Bobby Timmons n'est pas forcément un gros mot par rapport à Bill Evans.

Abutbul Music, Omer Avital (Jazz Village)

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