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ONCE I LOVED
NICOLA SABATO/JACQUES DI COSTANZO

À la merveille

Le dimanche 24 février 2013, par Laurent Sapir

Une beauté à couper le souffle, encore une fois. On peut discuter le propos, la construction, voire même la direction d'acteurs du nouveau film de Terrence Malick. Impossible, en revanche, de se défaire du halo de lumière dont la tessiture de sa mise en scène demeure imperturbablement la source.

Plus qu'une mise en scène à vrai dire, c'est une mise en musique qui semble régir l'ordonnancement des plans...  Des voix-off, mais aussi des visages, des corps et des silences se laissent orchestrer à la manière d'une symphonie, et de la marée montante du Mont St-Michel aux champs de blés dorés de l'Oklahoma, c'est tout simplement notre regard que Terrence Malick met sur écoute.

Une écoute religieuse, bien sûr, tant on ne veut rien perdre de la prière amoureuse psalmodiée sur grand écran. La fin de la prière est triste. Le couple qui a tenté de se former bon gré mal gré sous nos yeux part en lambeaux avec l'impression que le pari était presque perdu d'avance. Le casting avait lui-même quelque chose d'impossible : Ben Affleck en pantin désarticulé n'ayant que ses expressions imberbes à offrir, Olga Kurylenko en miss névrosée façon Marion Cotillard... Une telle distribution de rôles ne pouvait féconder aucune noce, qu'elle soit rebelle ou non. 

Seule la blondeur de Rachel McAdams, l'autre femme envers laquelle Ben Affleck nourrit quelques sentiments au milieu du récit, vivifie soudainement la langueur des sentiments. Tout cela sous le regard d'un troupeau de bisons... C'est la plus belle scène du film, et en même temps une bien trop courte parenthèse avant que le réalisateur ne reprenne le fil de sa pastorale mortuaire.

Un quatrième personnage hante ce paysage de désolation. Il s'agit d'un curé en pleine crise de vocation joué par Javier Bardem. C'est là où l'on se prend à penser, d'une certaine manière, que la messe est dite pour Terrence Malick et qu'on sera bien en peine, ici, de retrouver la tension dramatique et les élans visionnaires de "The Tree of Life"... Il n'empêche que même en ayant visiblement tous les traits de ce que l'on appelle un grand film malade, "A la merveille" confine à un absolu cinématographique trop rare dans nos contrées. De quoi saluer son démiurge, chapeau bas.

"À la merveille", de Terrence Malick (Sortie en salles le 6 mars)

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