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ANTHONY STRONG

8 rue de l'Humanité

Le lundi 25 octobre 2021, par Laurent Sapir
Rendez-vous raté entre Dany Boon et Netflix. "8 rue de l'Humanité", qui se voulait la première comédie sur le COVID, ressemble plutôt à une version étirée de la sitcom "Scènes de ménages".

Dans une cour d'immeuble de Paris 11e transformée en microcosme d'une France confinée, Dany Boon met en scène une galerie de personnages croqués à gros traits. On pense parfois à Amélie Poulain, même si c'est surtout la sitcom Scènes de ménages qui vient davantage à l'esprit. Le réalisateur-acteur s'est évidemment réservé le rôle du locataire hypocondriaque qui prend la température de tout le monde et conjure la pénurie de masques en se déguisant en scaphandrier lorsqu'il va faire ses courses.

On rit un peu, beaucoup... et plus du tout. Il va nous le faire encore pendant combien de temps, Dany Boon, ce numéro d'angoissé de la vie qu'on connaît par coeur ? Autour de lui, la finesse n'est pas non plus la vertu la mieux partagée : un brave concierge un peu benêt remplace au pied levé sa femme covidée. François Damiens campe le beauf intégral, proprio, raciste et complotiste. Mais bon, il s'avère qu'il a bon cœur quand on sait le prendre... A l'étage au-dessus, voici un jeune couple est en instance de fissures: elle enceinte jusqu'au cou, ancienne candidate de The Voice gratouillant la guitare en chantant "Pandémie, tu n'es pas mon ami..."; lui, coach sportif qui aimerait bien que sa compagne s'échappe du cadre lorsqu'il fait des vidéos pour ses followers.

Liliane Rovère en bistrotière inactive et Yvan Attal dans la peau d'un docteur fou à la recherche du vaccin idéal complètent le tableau. Ce dernier apporte un peu de folie à un ensemble parfois bien sentimentalo-lourdingue. On n'est pas certain cependant que la scène où il tente de ranimer un cochon d'Inde sur lequel il a fait des expériences fasse réellement honneur à sa filmographie laquelle, il est vrai, a pris une fâcheuse inclination ces dernières années.

Pour le reste, on a droit à toute une compilation de ce qui tient lieu désormais de cliché: la visioconférence qui déraille, les tests PCR effrayants, les gens qui partent à la campagne, l'infirmière qui s'isole pour ne pas contaminer autrui et qui se retrouve dénoncée par ses voisins... C'est long (2h) et quelque peu statique sur le plan de la dramaturgie, à part une amourette entre gamins et une mauvaise fin malheureusement pour l'un des personnages. De quoi mettre en parenthèses la mesquinerie de plusieurs caractères au profit d'une solidarité de façade carrément guimauve qui permet au moins à Dany Boon de terminer ses devoirs confinés sur une "note d'espoir "... et de démagogie.

8 rue de l'Humanité, Dany Boon (actuellement sur Netflix)

 

 

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