Toshiko Akiyoshi - Lew Tabackin Big Band in Newport - 1977

Dans les grands duos du jazz il y a bien sûr Charlie Parker et Dizzy Gillespie, Clifford Brown et Max Roach, Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, mais aussi Toshiko Akiyoshi et Lew Tabackin… 

Quand on lui demande qui elle est, Toshiko Akiyoshi répond “I’m a bebopper”. Elle dit aussi que le jazz, “c’est comme pour la peinture japonaise. Tout est une question d’espace”, tout en précisant, comme si c’était une évidence, que “la musique japonaise part de biais tandis que la musique européenne, et surtout le jazz, est horizontale.”

Une musique qu’elle rencontre à domicile, pendant l'occupation américaine au japon au lendemain de la guerre aux côtés des musiciens venus distraire les troupes : Ella Fitzgerald, Hampton Hawes, Louis Armstrong, Ray Brown, et même Oscar Peterson qui lui prêtera sa rythmique pour qu’elle enregistre son premier album. 

Arrivée aux Etats-Unis, elle monte d’abord un trio, puis elle se marie avec un saxophoniste, alors le trio devient quartet. Mais ça n’était toujours pas assez. Comme elle le racontait dans les colonnes de Jazz Hot en 2017 : 

_{"Ça ne me suffisait pas pour exprimer mon point de vue musical. Vous savez, je m’intéresse beaucoup aux sujets de société, comment les lois des gouvernements et les actions des multinationales affectent nos vies. Ça peut parfois mener à la guerre. Je me suis dit que j’aimerais exprimer mes points de vue dans le jazz. Le quartet ne m’offrait pas assez de couleurs pour faire ça. C’est ce qui m’a menée à composer pour un orchestre."}

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, elle rencontre au même moment le saxophoniste Lew Tabackin, qu’elle épouse quelques mois plus tard. A l’époque, il travaille dans l’orchestre du Tonight Show, ce qui le frustre un peu d'un point de vue musical. Alors quand il apprend qu’on peut louer une salle de répétition au syndicat des musiciens pour 50 cents les trois heures, il se dit que c’est leur chance. Il encourage Toshiko Akiyoshi à ressortir quelques morceaux qu’elle avait composés pour sa première fois en grand orchestre au Town Hall quelques années plus tôt. Sans trop y croire, un big band se crée et se retrouve à répéter tous les mercredis matins à 10h15 précises. Jusqu’à donner envie à un producteur de les enregistrer. Kogun, leur premier album, sera un véritable succès commercial. 40 ans après, la pianiste en riait encore. 

Une musique riche, exigeante et militante dans laquelle on s’apprête à plonger dès 21h dans Jazzlive...  

_{Toshiko Akiyoshi - Lew Tabackin Big Band in Newport 77' (RCA - 1977)}

_{Toshiko Akiyoshi - piano, composition, arrangement}

_{Dick Spencer Gary Foster - saxophone alto}

_{Lew Tabackin - saxophone tenor, flûte}

_{Gary Herbig - saxophone ténor} 

_{Beverly Darke - saxophone baryton} 

_{Bobby Shew, Mike Price, Richard Cooper, Steven Huffstetter - trompette} 

_{Bill Reichenbach, Charlie Loper, Phil Teele, Rick Culver - trombone}

_{Phil Teele - trombone basse} 

_{Don Baldwin - basse} 

_{Peter Donald - batterie}