Jazzlive

Du lundi au vendredi à 21h
Manon Brimaud
Mardi 3 décembre 2024 | 09:00 - 10:00

Thelonious Monk Live in Paris - INédit

Dimanche 20 mars 1966, Thelonious Monk est de retour à Paris. Et il est très attendu. Les choses ont bien changé pour lui depuis sa première parisienne, où il s'était fait huer comme un malpropre par le public de la salle Pleyel, que personne n'avait préparé à un musicien pareil. 

Cette fois-ci, le concert a lieu dans les studios de l’ORTF. Monk est fidèle à lui-même. Toujours le même style un peu hors du temps. Toujours cette musique qui ne ressemble qu’à lui. Mais cette fois-ci, le public est prêt. Plus que ça, le public est impatient et déjà ébahis. En moins de dix ans, Monk est passé de monstre à légende. Entre le génie et la bête de foire. “Un grand prêtre venu sacrifier son dimanche au dieu du swing”, comme disait Pierre Lattes. 

Je le sais parce-que, l’autre matin, David Koperhant, illustre programmateur et enquêteur invétéré des Pour Qui Sonne le Jazz, est venu me trouver avec une pièce à conviction : le Jazz Hot de mai 1966. En première page, le compte rendu du concert. Je découvre qu’à l’époque, on n’avait pas sa plume dans sa poche. Et qu’on ne reculait devant aucune envolée lyrique. 

Quelques lignes pour s'apitoyer sur la rythmique de Larry Gales et Ben Riley, condamnés à jouer sur des instruments loués au plus bas prix, et donc pas franchement fonctionnels. Un paragraphe dangereusement acide à l’encontre de ce pauvre Charlie Rouse, comparé à un héros tragique de Racine, s'évertuant à jouer ce qu’il croit être la musique de Monk alors même que celui-ci ne le regarde pas. 

Vient ensuite le tour du pianiste. Et la je me contenterai de vous citer l’envolée lyrique en question : “Monk a extrêmement bien joué ce soir-là, insensible à la foule, à ses accompagnateurs, il faisait rebondir tantôt ses doigts, tantôt ses mains et ses coudes sur un clavier au gré d’une hallucination que ses yeux ne dévoilent même plus.”

Il n'y a pas a dire, on y allait fort dans les années 60. 

Jusqu’à aujourd’hui, ces lignes dans Jazz Hot étaient le seul souvenir de ce concert de Monk et son quartet dans les studios de l’ORTF. Et elles auraient pu le rester longtemps sans l’intervention du label Transversales Disques qui sortait vendredi dernier les bandes retrouvées au détour d’un carton. 

C’est notre disque du jour sur TSFJAZZ… On le découvre ensemble, en intégralité et en première mondiale dans Jazzlive!

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