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REQUIEM
LENNIE TRISTANO

We Like It Here

Le dimanche 04 mai 2014, par Laurent Sapir

Heureux qui comme les Snarky Puppy se défoulent dans un jazz de l'allégresse et des textures, aussi impressionnant dans sa robustesse que dans la luxuriance et la finesse des arrangements. Déjà auréolé d'un Grammy pour une chanson extraite d'un autre album, ce collectif texan basé à Brooklyn dégage sur scène un feeling du tonnerre. C'est ainsi que leur tout dernier-né, We Like It Here, enregistré dans un studio néerlandais, se "regarde" (sur YouTube, notamment... ) avec autant de bonheur qu'il s'écoute tant ils ont la niaque, ces "chiots narquois" (traduction en français de Snarky Puppy) à géométrie très variable.

Leur bassiste de leader, Michael League, n'hésite pas, en effet, à modifier ou à enrichir le septette qui lui tient de noyau dur... Les Snarky peuvent, du même coup, vous enrober un morceau à 10, à 20, voire même à 35 musiciens, faisant scintiller dans un même kaléidoscope cuivres rutilants, cordes ensorcelantes, claviers de tout acabit et percussions unanimement punchy... Le tout dans un grand mix musical qui envoie délibérément valser les tiroirs étouffe-genre. Les Snarky groovent comme ça leur chante et mélangent soul, funk, pop et world avec le même esprit-mosaïque que Weather Report autrefois.

Ils ne renonceraient pour rien au monde, surtout, à ce qui est l'essence même du jazz, à savoir l'improvisation et la mise en valeur des solistes. Dans leur dernier album, ils nous mitonnent déjà un hors d'oeuvre au parfum de dessert, Shofukan. A la fin du morceau, les musiciens finissent par lâcher leurs instruments pour donner de la voix. On comprend, dés lors, que chacun des morceaux qui suivra, tout instrumental soit-il, sera d'abord une chanson et qu'elle aura, pour ainsi dire, son interprète-vedette: Bob Lanzetti et son trip de guitare psyché dans What About Me, Shaun Martin entre moog et talk-box dans l'envoûtant et lancinant Sleeper, Bob Reynolds qui en perd carrément son casque en poussant du bugle dans Outlier ou encore le solo digne d'une véritable masterclass ( 4 minutes de folie à jongler d'un clavier à l'autre !) que signe Cory Henry sur Lingus avec, dans le même morceau, un duel pareillement époustouflant entre Chris Bullock au sax ténor et Mike Maher à la trompette... 

Et puis cette intro au violon sur Kite, la plage la plus douce de l'album, la plus voyageuse, la mieux ciselée, également, dans son écriture... Une B.O. comme on en rêve,  jusqu'à cette conclusion pianistique de Bill Laurance avec les violons qui, à nouveau, vous transportent dans une nuit étoilée. Le nirvana, vraiment.

We Like It Here, Snarky Puppy (Concerts à Jazz sous les Pommiers le 29 mai, festival Django-Reinhardt à Samois le 28 juin, Paris Jazz Festival le 29 juin, Nice Jazz Festival le 9 juillet)

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