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The Immigrant

Le vendredi 29 novembre 2013, par Laurent Sapir

Mais de quelle déficience congénitalement préjudiciable aux réalisateurs les plus affirmés Marion Cotillard est-elle le nom ? Après Jacques Audiard, c'est James Gray qui déteint gravement en braquant sa caméra sur La Môme la plus horripilante du cinéma français.  Il faut dire qu'aux antipodes des brûlures d'écriture dont le réalisateur de The Yards a toujours fait preuve, The Immigrant s'avère plutôt être un froid mélo bondieusard aussi plombant qu'une bluette du cinéma muet.

La Cotillard y officie en madone diaphane débarquée de sa Pologne natale au début des années 20 et qui tombe, dés son arrivée aux States, sous la coupe d'un proxénète au coeur tendre (Joaquin Phoenix, triste à pleurer tellement qu'il se la joue penaud et pataud)... La suite n'est qu'une succession d'aplats semée de ficelles scénaristiques plus ou moins grossières et en constant faux-raccord avec la thématique d'un rêve américain écartelé entre loi du sang, appât du gain et religiosité.

Reste à déterminer, dans un tel fiasco, la part qui revient à l'actrice principale. Son personnage, certes, ne lui rend pas service. Passive, fade, passant son temps à prier ou à demander pardon, la Polonaise de The Immigrant n'est pas vraiment l'impétuosité incarnée. Elle pourrait au moins vibrer de l'intérieur, notre Marion nationale et internationale, mais là, on demande l'impossible.

Il lui est arrivé, certes, de rayonner, ne serait-ce que dans le dernier Audiard, justement, même si le film était d'abord de rouille et de toc... Mais pour ce qui est de se consumer, c'est un peu compliqué lorsqu'au départ on n'a rien qui attise... Comment le pourrait-elle, d'ailleurs, alors que Michael Mann et Woody Allen ne l'ont jamais utilisée autrement que comme la potiche de service ? On s'est moqué de la mort de son personnage dans le Batman de Christopher Nolan, mais comment rendre l'âme de façon crédible quand on n'en a aucune à l'écran ? Marion Cotillard a la sensualité d'un meuble, le charisme d'un chou-fleur, un regard qui fait peur. Sur des pupilles aussi gloutonnes, le moindre battement de cil fait autant de bruit qu'un carambolage. Voilà qu'elle articule le Polonais, désormais... Trilinguisme mécanisé. On y pond, éventuellement, quelque Oscar. En aucun cas la grâce, l'aura ou le vénéneux qui font les comédiennes de légende.

The Immigrant, de James Gray (Le film est sorti mercredi)

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