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DONALD BYRD / HANK MOBLEY

The Dreamers

Le lundi 30 juin 2008, par Laurent Sapir

C'est un album qui date un peu, d'accord... Sortie: février 2008. Serait-ce une raison suffisante pour ne pas bronzer, cet été, sous les palmiers "zorniens" de "The Dreamers" ? Le passage du saxophoniste multi-cartes à la Cité de la Musique aura en tout cas remis au goût du jour son album le plus récent dont, comme quelques autres, je ne me lasse pas d'explorer les mystères interstellaires.

Car John Zorn, ici, fait tomber des pluies d'étoiles... Alors qu'on lui connait tant d'orages et de rugissements, le voilà désormais arc-en-ciel, esquissant en onze morceaux un paysage d'après l'averse, idéal pour le repos des guerriers. Ils sont donc venus en force, les mercenaires de l'Electric Masada : Marc Ribot à la guitare, Jamie Saft à l'orgue, Joey Baron à la batterie... Tous devant et lui derrière... Zorn a également ramené Kenny Wollesen et son vibraphone, les percussions de Cyro Baptista, la basse de Trevor Dunn...

Et lui derrière donc, c'est à dire au coeur du truc, consentant à jouer sur un seul morceau, un peu fanfare, un peu bazar, avant de redevenir l'homme-orchestre, le Dieu Zorn, le Zeus des textures, le Prométhée qui donne la neige et non plus le feu... Un vibraphone qui vibre, une comptine juive nimbée de cymbales, du groove hawaïen, une mélodie à la Lou Reed, une sonnerie de tramway, des effluves à la Ennio Morricone qui n' ont pas besoin du prochain Tarantino pour transformer le easy listening en art majeur...

Chaque morceau est un voyage, un équilibre subtil d'instruments, une épure nutritive qui ne prétend surtout pas au frugal... Ce n'est pas Marc Ribot qui dira le contraire, lui qui s'autorise, à un moment, (mais c'est l'exception qui rend la règle encore plus belle), une déferlante rageuse, herculéenne, "santanesque", un long cri qui n'est qu'un reflet de cauchemar dans l' aurore ... Oui, ce n' était qu'un cauchemar. C'est déjà l'aurore. Murnau l'avait traité en clair-obscur. John Zorn, c'est Murnau en couleurs...

The Dreamers, de John Zorn (Tzadik/Orkhestra)

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