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Tetro

Le jeudi 17 décembre 2009, par Laurent Sapir

Problème de TBC pour Francis Ford Coppola... TBC, autrement dit "techniques de base cinématographiques", comme on parle, en journalisme, de TBR, qui signifie "techniques de base rédactionnelles". Désolé d'écrire ça à-propos de l'auteur de "Cotton Club" et "Apocalypse now", mais force est de constater que Coppola n'est plus que l'ombre de lui-même et qu'après l'abracadabrantesque "Homme sans âge", l'incapacité du cinéaste à nous raconter tout simplement une histoire défie l'entendement.

"Tetro" est ainsi propice au pire des malaises pour le spectateur. Avec son noir et blanc d'apparat, le film se déploie dans le glacé et l'hermétique, comme si une vitre nous séparait de l'écran, ou alors comme si l'écran s'éloignait de nous, progressivement. Je n'exagère pas ! J'ai physiquement ressenti, dans la salle de projection, cette atroce sensation d'être éjecté d'un récit qui, objectivement, aurait pu être bouleversant si Coppola avait fait preuve d'un peu plus de chaleur dans sa narration.

Il n'en est rien, hélas. Le voyage en Argentine où se situe le récit, les retrouvailles entre deux frangins aliénés par la toute puissance d'un père monstrueux, la dépression de l'aîné incarné de façon trop mécanique par le déjanté Vincent Gallo, ou encore la chronique des milieux culturels et underground de Buenos Aires, tout cela est en toc et en marbre, au lieu d'être de chair et de sang... Où sont passés le souffle et les frissons d'autrefois, et qu'arrive-t-il aujourd'hui à Francis Ford Coppola ? Oui, vraiment, c'est un sale truc, les problèmes de TBC. Cela peut arriver à n'importe qui. Et il n'est pas sûr qu'à un certain stade de sa carrière, on puisse aisément surmonter ce type de défaillance.

"Tetro", de Francis Ford Coppola (sortie en salles le 23 décembre)

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