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Quai d'Orsay

Le vendredi 01 novembre 2013, par Laurent Sapir

Un véritable ouragan, ce  Taillard de Worms ! Dans la BD à succès dont le film s'inspire, les feuilles s'envolent quand il débarque dans un bureau de son ministère... Bertrand Tavernier transforme le gag en gimmick. Il filme également le soufflé de feuilles avant et non pas en même temps que l'arrivée du ministre, surlignant ainsi l'état de préparation du personnel face à un patron aussi impétueux.

La première réussite de "Quai d'Orsay" réside justement dans cet esprit BD que Tavernier décalque avec un langage dont Billy Wilder n'aurait pas désavoué les astuces rythmiques. S'y ajoute un don de l'orchestration à travers une galerie de seconds rôles plus savoureux les uns que les autres. Premier prix à  Niels Arestrup, complètement à contre-emploi dans le rôle d'un froid et raffiné directeur de cabinet dont l'art du mezzo voce relance avec brio le tempo propre au film, ce qui n'est pas pour nous surprendre lorsqu'on connaît l'oreille jazzistique du réalisateur.

Un gros bémol, malheureusement, dans cette orchestration digne des grands big-band : Thierry Lhermitte dans la peau du ministre superactif. L'acteur en fait des tonnes. Il "BD-ise", en quelque sorte, un personnage qui prêtait beaucoup moins à la caricature dans l'oeuvre originelle. L'hymne à la politique étrangère de Dominique de Villepin, puisqu'on est bien là au coeur du propos politique de ce "Quai d'Orsay", perd dés lors un peu de sa substance. Le film possède en même temps suffisamment d'énergie pour nous rendre nostalgique d'une "certaine idée de la France", surtout à la  lumière du tandem Hollande/Fabius et de l'amateurisme arrogant qui lui tient lieu de profession de foi.

"Quai d'Orsay", de Bertrand Tavernier (Sortie en salles le 6 novembre). Coup de projecteur avec le réalisateur, le même jour (12h30), sur TSFJAZZ. .

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