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EDDIE HARRIS / LES McCANN

No Country for Old Men

Le lundi 14 janvier 2008, par Laurent Sapir

Cela faisait longtemps qu'un tueur ne m'avait pas autant gavé. D'habitude, les killers, c'est ma dope... Lee Marvin, Jack Palance, Anthony Hopkins... Que du bonheur! Aldrich, Don Siegel, Peckinpah, toutes ces hordes, tous ces psychopathes... C'était vraiment mon Amérique à moi. Mais le tueur des frères Coen, lui, il est franchement FATIGANT ! Et énervant en plus.

Sa coupe de cheveux lourdingue, déjà, n'annonce rien d' affriolant. Mais c'est surtout son fusil à pompe qui est casse-bonbon. Aucun doigté, aucune élégance... Dans sa médiocre tentative de récupérer une valise pleine de billets qu'on lui a fauchée à la frontière du Texas et du Mexique, le tueur de No Country for Old Men a toujours un peu de mal à garder son self-control. Le pire, c'est qu'à la fois on le voit toujours venir, mais qu'on ne sait jamais quand est-ce qu'il va cracher le feu! Il articule quelques phrases, il assaisonne ça avec de lourds silences, et soudain, au détour d'une virgule, boum boum!

Ça devient usant à la fin, ça agace... A Cannes, au printemps, ils ont pratiquement tous glosé sur la truculence et le potentiel métaphysique de la chose. Peut-être, mais quand ça se traînasse comme ça, elle finit embuée, la truculence... D'autant plus qu'il n'y en a pas un pour racheter l'autre dans cette affaire. Face à leur tueur, les frères Coen ont fabriqué un "héros" aussi ennuyant que son meurtrier en puissance...

Quant au shérif joué par Tommy Lee Jones, il a mille ans! Et on l'a déjà vu mille fois, ce personnage soi-disant détaché, dépassé par les nouvelles réalités de son pays, et nostalgique d'un far west où les trafiquants de drogue n'avaient pas encore pris le dessus sur les braqueurs de diligence. Ils sont tous exténués, finalement, dans ce film fantasmé successivement Palme d'or, puis Oscars, mais dont les spectateurs harassés que nous sommes peinent à saisir la modernité, l'originalité, et la sensibilité qui font que parfois, au cinéma, nous sommes "touchés" en plein coeur...

No Country for Old men, des frères Coën (Sortie en salles le 23 janvier)

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