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ARTIE SHAW

Momentum

Le dimanche 30 juin 2013, par Laurent Sapir

Le sucré n'est pas forcément le contraire du salé. C'est le très surprenant et non moins pertinent Gad Elmaleh qui nous balança ce dicton il y a quelques semaines, sur TSFJAZZ, lorsqu'il se hasarda, mais sans les opposer, à comparer Michael Bublé et Jamie Cullum.

"On va dire, affirmait l'humoriste jazzfan, que Michael Bublé est sucré -et je le répète encore, il est bon, Michael Bublé mais il est très sucré- tandis que Jamie Cullum a une forme de singularité, d'originalité et surtout de liberté qui ne le rend pas sucré. Et en même temps il n'est pas profondément, purement et uniquement jazz mais tu sens qu'il vient de là, et que le jazz lui a donné la liberté de faire autre chose qui ne soit pas étriqué"...

Tout est dit ou presque, à travers ces mots, de la réussite de "Momentum", cet album dont la part de risques (à commencer par le choix d'un label -Island Records- moins pourvoyeur en têtes de gondole qu'Universal Jazz...) n'exclut pas des mélodies aussi entêtantes que fédératrices. Nouvelle embardée pop ? Le constat mérite d'être pimenté par une réécoute assidue de plusieurs morceaux, à commencer par "When I Get Famous", ce "single atomique" -dixit notre programmateur musical, David Koperhant- dont l'intro brass band vaut tribute aux plus belles heures des fanfares néo-orléanaises. L'album exulte par ailleurs de solos pianos ("Sad Sad World") qui ne sacrifient à aucune mélasse pop.

C'est surtout la culture hip hop, à vrai dire, qui est mise en avant, ne serait-ce qu'à travers la version darkness de "Love For Sale" que nous offre le crooner britannique avec un génial mais trop court chorus de Fender Rhodes prolongé par le rappeur Roots Manuva. On adore également la subtile montée des cordes et l'ajout du glockenspiel sur un morceau comme "Pure Imagination", les sifflotements et la coda rieuse de "The Same Things", le caractère immédiatement enjoué de "Everything You Did'nt Do", l'énergie de "Anyway" ainsi que le ton plus acoustique et minimaliste de "Get a Hold of Yourself"... De quoi rendre formidablement justice au timbre de voix gorgé d'âme et de fragilité dont l'elfe sautillant est capable lorsqu'il ne fait pas le show façon "il jouait du piano debout"...

"Momentum", de Jamie Cullum (Island Records)

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