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En attendant le jour

Le samedi 23 mars 2019, par Laurent Sapir
Avant sa venue exceptionnelle aux Lundis du Duc, retour sur le tout dernier et toujours aussi imparable Michael Connelly, ou quand le maître du thriller made in L.A se met à l'heure du mouvement #Metoo...

Encore une fois, Michael Connelly fait le job. Avec En attendant le jour, son 30e opus, le cador du polar made in L.A. manie de main de maître plusieurs enquêtes dévolues à un seul personnage et nous offre un nouveau profil dans sa galerie d'enquêteurs hors pair. Une femme, enfin ! Renée Ballard, la trentaine effrontée, aquatique et métissée. D'origine hawaïenne, cette surfeuse accomplie et dépourvue de véritable chez-soi (elle dort dans une tente, sur la plage, ou alors chez sa grand-mère...) semble encore plus solitaire que ce dur-à-cuir d'Harry Bosch. Même pas un disque de jazz, cette fois-ci, pour détendre l'atmosphère...

Solitude qui va de pair avec placardisation. Bosch avait déjà connu pareilles mésaventures, le machisme en moins. Pour s'être opposée aux avances de l'un de ses supérieurs contre qui elle a tenté de porter plainte, Renée Ballard a ainsi été reléguée au service de quart de nuit du commissariat d'Hollywood, en cheville avec un vieux flic qui pense surtout à soigner sa femme malade. Trois affaires vont cependant lui prendre plus de temps que prévu: un vol de carte bancaire, le tabassage d'un prostitué transgenre, et une fusillade dans un night-club qui n'implique pas seulement la pègre locale malgré les premières constatations...

Harcèlement professionnel, violences sexuelles... Dans ses combats, la jeune inspectrice coche toutes les cases d'une héroïne de son temps. Connelly ne verse cependant dans aucun esprit de croisade gnangan. Son récit obéit toujours à sa marque de fabrique: une écritude sèche, clinique, calibrée et sans fioritures. Les vicissitudes propres au LAPD (la police de Los Angeles) l'intéressent d'avantage qu'une quelconque exploration des racines du mal, et il documente toujours à merveille les techniques scientifiques contemporaines. Ici, le VMD (Vacuum Metal Deposition), cette technique de médecine légale à base d'or et de zinc qui met à jour des  empruntes digitales sur des objets à-priori trop poreux pour les conserver.

Ce épisode-pilote augure en même temps d'un beau portrait de femme. Contrairement aux versants à la Ellroy d'un Harry Bosch, la nouvelle héroïne de Michael Connelly n'a pas fait la guerre du Vietnam et sa prostituée de mère n'a pas été assassinée. Elle a pourtant d'autres démons à conjurer, qu'elle évacue entre deux vagues, paddle en bandoulière, avec à ses côtés une chienne, Lola, qui semble elle aussi en avoir vu des vertes et des pas mûres...  On a hâte, en tout cas, de la voir éventuellement faire équipe avec Bosch dans un prochain thriller. Et surtout qu'il l'initie à Frank Morgan et Art Pepper, tant la fécondité romanesque des démons jazzistiques n'est plus à démontrer.

En attendant le jour, Michael Connelly (éditions Calmann-Lévy). Michael Connelly sera l'invité exceptionnel des Lundis du Duc, ce 25 mars, à 18h, sur TSFJAZZ.

 

 
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Michael Connelly

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