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Madres Paralelas

Le lundi 29 novembre 2021, par Laurent Sapir
Tourments intimes, élans collectifs et politiques... Un alliage inédit et plutôt bien réussi dans le nouveau Almodovar, "Madres Paralelas", porté par le jeu tout en énergie et en magnétisme de Penelope Cruz...

Oubliées, les pesanteurs introspectives de Julieta et Douleur et gloire. Avec Madres Paralelas, mélo étrangement solaire entremêlant maternités troubles et devoir de mémoire, Pedro Almodovar revient au bonheur simple d'un récit plein de mouvements et presque aussi vertigineux que La Piel que Habito. Film "mineur ", diront certains... Ce serait passer à côté des effusions de cœur et de citoyenneté qui font de ce nouvel opus un très bon cru dans la filmographie du cinéaste espagnol.

Le scénario entrecroise deux thématiques autour du personnage joué avec toujours autant d'allant par Penélope Cruz, une photographe proche de la quarantaine qui arbore fièrement sur son T-Shirt: "We Should All Be Feminists"...  Tombée enceinte par accident après sa liaison avec un ami marié et archéologue, elle s'aperçoit que son bébé et celui d'une jeune précaire avec laquelle elle s'était liée d'amitié à la maternité ont été échangés par erreur.

De quoi mettre en branle, au rythme de tests ADN diablement hitchcockiens, toute une arabesque sur le statut de mère avec en renfort la présence incandescente de Milena Smit, qui joue l'autre maman "parallèle ". Saut qu'une deuxième généalogie entoure la première. L'amant archéologue n'est pas seulement voué à faire un enfant à Penélope Cruz. Il va aussi l'aider à retrouver le corps de son arrière grand-père disparu dans les fosses communes du franquisme. Là encore, une détermination féminine, mais cette fois-ci dans sa dimension collective, se dresse contre le non-dit et fait œuvre de transmission malgré les obstacles.

Jalonnée musicalement par le Summertime de Janis Joplin et Autumn Leaves façon Miles Davis, la partition que met en scène le réalisateur galvanise autant que les couleurs acidulées qui enrobent ses héroïnes de tous âges et de toutes conditions, même si certaines d'entre elles ne présentent pas toujours le même intérêt que les deux personnages  principaux. Reste une double dette, aux disparus comme aux élans féminins les plus assumés, jusque dans leur radicalité. Avec le dernier Almodovar, en somme, on se sent plus que jamais en terrain de reconnaissance.

Madres Paralelas, Pedro Almodovar (Sortie en salles le 1er décembre)

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