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INNER CITY, CITY LIGHTS
ESBJORN SVENSSON / E.S.T.

La Vénus à la fourrure

Le mercredi 13 novembre 2013, par Laurent Sapir

L'art d'Hamlet est propice à bien des miracles. A la recherche de sa Vénus, un metteur en scène imbu de lui-même (Mathieu Amalric) auditionne sans trop y croire une pimbêche de saloon (Emmanuelle Seigner) qui lui parait être la reine des gourdes. Sauf qu'une fois dans son rôle, la mâcheuse de chewing-gum devient grâce et perversité mêlées. Le théâtreux qui la dirige en est tout chamboulé, jusqu'à ne plus faire la différence, bientôt, entre l'actrice et son personnage de maîtresse-dominatrice inspirée d'un célèbre roman sur le masochisme.

Cette mise en abyme à la Pirandello, l'expressionnisme en plus, se moule à merveille dans l'univers de Roman Polanski. Huis-clos étouffants, ambiguïté et démaquillage des genres, réel fantasmé... Deux ans après Carnage, le réalisateur esquive encore une fois les écueils du théâtre filmé. La fluidité de sa mise en scène, ses mouvements de caméra, ses changements de cadre qui permettent au spectateur de repérer à quel moment les comédiens passent d'un personnage à l'autre.

Autant de qualités qui transforme l'exercice de style en leçon de cinéma. Pour ne rien gâter au plaisir, les clins d'oeil sont légion. A commencer par le look de Mathieu Amalric qui finit furieusement par rassembler au Polanski du Locataire... Emmanuelle Seigner, quant à elle, se confond tout d'abord avec le style parfois trivial de sa propre soeur, Mathilde Seigner, avant d'incarner une sorte d'idéal féminin aux yeux de son cinéaste de mari. Les prodiges de son jeu auraient pu d'avantage subjuguer le jury du dernier festival de Cannes où elle méritait largement le prix d'interprétation féminine.

La Vénus à la fourrure, de Roman Polanski (Sortie en salles le 13 novembre)

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