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EARLY IN THE MORNING
JOE WILLIAMS

Jane par Charlotte

Le mardi 11 janvier 2022, par Laurent Sapir
Charlotte Gainsbourg derrière la caméra dans "Jane par Charlotte", portrait tout en fêlures et en grâce de sa mère, Jane Birkin.

-"Elle vous a fait sortir de sa coquille... ou plutôt de votre coquille, pardon..."

-"Elle m'a aussi fait sortir de sa coquille..."

Charlotte for ever, face au journaliste de TSFJAZZ qui s'emmêle les pinceaux (et les coquilles) en l'interviewant pour son si sensible Jane par Charlotte, portrait d'une mère par sa fille embué au plus beau sens du terme de pudeur et de mélancolie.

La mère comme la fille n'ont jamais été que cela: pudeur et mélancolie... avec peut-être un bonus spécifique à ces deux cœurs battants: le brin de folie et de fantaisie chez Jane Birkin, le zeste de mystère, de poésie (et de citron ?) chez Charlotte Gainsbourg. Une caméra aurait pu casser cette magie-là qui relève de l'indicible, c'était sans compter sur le talent d'une comédienne-réalisatrice qui fait advenir du concentré de tremblé à l'écran, réunissant deux êtres qui n'ont jamais cessé de s'aimer sans jamais avoir su comment le montrer.

Il paraît qu'au départ Jane Birkin a eu peur. Elle croyait que Charlotte allait se fendre d'une Sonate d'automne, en référence au chef d'œuvre si cruel d'un célèbre cinéaste suédois sur les liens mère/fille. Elle avait encore en tête, on imagine, le ludique Jane B par Agnès V de Varda, portrait-collage d'une quarantaine instable qui nous faisait découvrir la chanteuse et actrice en mode kaléidoscope. Mais Charlotte Gainsbourg n'a pas eu envie de jouer, et encore moins de se montrer cruelle.

Il faut un peu de temps à Jane pour qu'elle comprenne les intentions de sa fille et qu'elle laisse affleurer en sa présence toute la vérité de son être. Sa grâce, également, sans maquillage et par-delà les rides. Tokyo, New-York, la Bretagne... Des fantômes sur la route, c'est normal. Il faut à la fois les tenir à distance et s'en imprégner pour repartir de l'avant. Kate, l'aînée trop tôt disparue, surgit toute jeune dans un film en super 8 que sa mère commente de dos sans oser se retourner.

Plus loin dans le récit, retour dans la maison de Serge Gainsbourg, rue de Verneuil, que personne n'a visitée depuis 30 ans. "C'est Pompéi ! ", lâche Jane... Retour au grand air. Joe, la toute dernière, crève l'écran. Ainsi vogue une tribu au féminin pluriel, peaux et regards à vif, cocktail de sourires et d'émotions. De quoi réfréner chez le spectateur toute envie de se renfermer dans sa coquille.

Jane par Charlotte, Charlotte Gainsbourg (Sortie en salles ce 12 janvier). Coup de projecteur, ce mardi, sur TSFJAZZ, avec Charlotte Gainsbourg (13h30)

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