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Gravity

Le vendredi 18 octobre 2013, par Laurent Sapir

On va laisser tranquillement Stanley Kubrick en paix. Gravity n'a rien à voir avec 2001, Odyssée de l'Espace et sa démesure spatio-métaphysique. Le film d'Alfonso Cuaron, étoile montante du cinéma mexicain, n'en demeure pas moins, à son échelle, une odyssée éminemment remarquable, même si la B.O. est toute pourrie et que les moments de solitude de Sandra Bullock ne sont pas toujours captivants.

L'immersion sensorielle, en revanche, est réellement au rendez-vous de ce thriller de l'espace dans lequel deux astronautes sont largués dans l'infini galactique à la suite d'une mauvaise rencontre entre leur vaisseau spatial et une pluie de débris satellitaires. Les voici à leur tour, justement, réduits à l'état de satellite, à la différence près que l'oxygène dont ils ont besoin se raréfie et que plus aucun contact n'est possible avec la terre. Maîtrisant à la perfection l'environnement digital de sa mise en scène ainsi que les vertus de la 3D, Alfonso Cuaron développe des plans-séquence à très forte densité.

L'exploit est d'autant plus manifeste qu'on est plongé, ici, dans une grammaire cinématographique d'une toute autre dimension, la notion-même de travelling perdant tout son sens dans le cosmos intersidéral où "gravitent" les personnages. Ces personnages, justement, le réalisateur mexicain les dessine avec habileté, jonglant avec le charisme d'un George Clooney dont la disparition visuelle, à un moment du récit (on n'en dira pas plus pour ceux qui n'ont pas vu le film...) interagit, tel un phénomène de réfraction, avec la personnalité de Sandra Bullock dont le drame intime est alors mis en lumière. 

Le destin darwinien de la jeune femme, transcendé par un final qui voit confluer tous les éléments (l'eau, le ciel, la terre...), dissipe aisément, en fin de compte, les quelques pointes de mélo que le format blockbuster impose. Il en reste, du même coup, une très belle leçon de cinéma.

Gravity, Alfonso Cuaron (Sortie en salles le 23 octobre). Coup de projecteur, le même jour, sur TSFJAZZ (12h30), avec le réalisateur, au micro de Mathieu Beaudou.

 

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