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Cortex

Le vendredi 25 janvier 2008, par Laurent Sapir

Au cours de l'interview, il n'arrête pas de dire: " En toute humilité ". C'est sa manière à lui de dire qu'un travelling est une affaire de morale. La modestie de Nicolas Boukhrief, en tous les cas, est une arme redoutable face aux sujets les plus casse-gueule. Dans "Cortex", le réalisateur des "Convoyeurs" évoque la maladie d'Alzheimer. Mais il " n'en fait pas une maladie ", justement. Nicolas Boukhrief met d'abord l'accent sur le trouble mémoriel plutôt que sur la perte de mémoire. Il filme un vertige sensoriel et émotionnel et non pas une pathologie clinique.

C'est cette générosité dans le regard qui permet aux personnages de crever l'écran. Ils sont tous dignes. Aucun d'entre eux d'ailleurs ne se résume uniquement à ses défaillances de mémoire, à commencer par cet ex-inspecteur de police incarné par André Dussolier. Est-il vraiment si malade que ça, lui qui n'a rien perdu de ses réflexes de flic? Ou au contraire faut-il se méfier de ses frayeurs et de ses soupçons, dans cette clinique dont le personnel hospitalier n'a pas vraiment l'air blanc comme neige et où se produisent de mystérieuses disparitions ?

A partir du moment où ses questions germent dans l'esprit du spectateur, le trouble s'installe. L'effroi est au rendez-vous, comme dans tout bon polar hospitalier qui se respecte, mais jamais sur un mode survolté ou hystérique. Nicolas Boukhrief a d'ailleurs esquivé toute référence à Samuel Fuller et à son fameux "Shock Corridor"... Il a plutôt pensé à Columbo et à Agatha Christie. Les frissons, dans "Cortex", sont atténués et lancinants. Le sursaut est superflu. Météorologiquement parlant, on est d'abord frappé par la douceur du climax.

Il faut dire aussi un mot sur les comédiens qui entourent Dussolier parce que l'art du casting, chez Boukhrief, relève du 6ème sens. Marthe Keller et Aurore Clément sont extraordinaires. Pascal Eblé est impressionnant. Je donnerai volontiers, enfin, le césar du meilleur second rôle au déjanté Gilles-Gaston Dreyfus. C'est un film-culte à lui tout seul.

Cortex, de Nicolas Boukhrief (Sortie en salles le 30 janvier). Coup de projecteur avec le réalisateur vendredi 25 janvier à 6h30, 8h30, 13h et 17h

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