Après La grande bouffe, la cure d'amaigrissement... A rebours du célèbre film de Marco Ferreri, les ados de Jessica Hausner ménagent au forceps leur estomac. Sous la houlette d'une prof assez particulière (Mia Wasikowska), ils entendent sauver la planète en évitant de se goinfrer. Rien de mieux par exemple, dans le lycée huppé où se déroule cet enseignement atypique, que de respirer longuement une tablette de chocolat avant d'en gober délicatement un minuscule carré. De là à intégrer un mystérieux "Club Zero" où se pratique une diététique encore plus musclée...

À l'instar de Michael Haneke, son compatriote autrichien, Jessica Hausner excelle dans une tonalité clinique. Elle enrobe par ailleurs sa mise en scène d'une géométrie dont les formes et les couleurs rendent encore plus inquiétant ce qui nous est raconté. La réalisatrice n'épargne pas davantage les parents dysfonctionnels de ses jeunes protagonistes, bourgeois faussement attentionnés campés notamment par Elsa Zylberstein et Mathieu Demy.

Le propos laisse en même temps sur sa faim, si on peut dire, comme si Jessica Hausner retenait ses coups. De quoi rendre encore plus édifiant le procès qu'une certaine presse lui a fait pendant le dernier festival de Cannes, comme si la satire d'un certain hygiénisme et du vernis radical qui lui est associé n'avaient plus droit de cité.

Club Zero, Jessica Hasner, sélection officielle à Cannes, sortie en salles ce 27 septembre.