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Albert Edelfelt. Lumières de Finlande (au Petit Palais)

Le lundi 06 juin 2022, par Laurent Sapir
Saynètes lumineuses, Parisiennes mutines, mélancolie au fil de l'eau... Éblouissements finlandais en tout genre au Petit Palais avec l'exposition consacrée à Albert Edelfelt.

Dans la mythologie nordique, il n'y a pas que des elfes. Il y a aussi Edelfelt, peintre finlandais de la fin du 19e siècle qui a exporté à Paris les lumières de son pays natal, ses crépuscules colorés, sa mélancolie au fil de l'eau et les traits aussi tannés qu'irréductibles de ses compatriotes sous domination russe. Une citation d'Anatole France donne d'ailleurs le ton entre deux toiles: "On peut le tuer; on ne peut pas le changer. Il est finnois; il ne saurait devenir slave. Il a sa langue, sa religion, ses coutumes qui sont sa manière d'être et sa raison d'être. La perte de sa liberté, c'est la déformation de son âme, le dépérissement et la mort "...

Edelfelt/Zelensky, même combat ? Le parcours d'Albert Edelfelt (1854-1905) s'avère en même temps plus sinueux. Adepte du "pleinarisme", ce courant naturaliste alliant travail sur la lumière naturelle et précision quasi-photographique du trait, il aime surtout représenter enfants et pêcheurs dans des saynètes qui n'ont rien d'un manifeste. Une barque emporte un petit cercueil dans Le convoi d'un enfant. Mêmes personnages un an plus tard dans En route vers le baptème, sauf que le chérubin n'est plus dans le cercueil mais dans les bras de sa mère. La conjoncture politique a-t-elle vraiment prise sur les mêmes eaux bleu pâle ?

Peut-être, au regard du sentiment de fierté nationale qui transparaît dans l'immuabilité des expressions et des paysages. Ces maisons en bois, ces forêts de bouleaux et ces vieilles paysannes défiant le cycle de la vie incarnent une Finlande éternelle. L'art du portrait dont a fait preuve  Edelfelt foisonne en revanche dans des directions plus contrastées. On y retrouve notamment comme sujets les enfants d'un Tsar, une Parisienne mutine à souhait enrobée de japonaiseries, ou encore notre Pasteur national saisi sur le vif, tout affairé à ses fioles et à ses bocaux. Rarement une monographie ne s'est montrée aussi peu monotone.

Albert Edelfelt, Lumières de Finlande. À voir au Petit Palais, à Paris, jusqu'au 10 juillet.

 

 

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