Dinah Washington à Los Angeles - 1954
Sa carrière oscille entre tournées internationales, tubes interplanétaires et Grammy Awards d’un côté, et dépression, dettes et addictions de l’autre.
Dinah Washington est loin d’être la seule dans ce cas-là. Dans les États-Unis d’après-guerre, la ségrégation frappe aussi fort que le jazz. Les artistes noirs sont à la fois des superstars et des moins que rien. On les admire, mais on les juge. On les invite dans les clubs les plus prestigieux du pays, mais on ne les paye pas. Leurs disques tournent du soir au matin dans les jukeboxes, mais on réduit leur combat politique pour les droits civiques au silence. Et celle que l’on surnommait la Reine du blues mourra seule dans sa chambre, d’une overdose de médicaments, à 39 ans seulement.
Pas très joyeux, tout ça. Et il ne faudrait pas résumer Dinah à son époque, même si c’est tout un pan de l'histoire du jazz que l’on devine entre les lignes de sa biographie.
Pour elle, tout commence à Chicago. À ce moment-là, elle s’appelle encore Ruth Lee Jones, et elle est soliste dans la première chorale gospel 100 % féminine de l’histoire, dirigée par Sallie Martin (aka la mère du gospel). À 15 ans, elle remporte un concours de chant amateur et quitte les bancs de l’église pour les tabourets des clubs de jazz : le Dave’s Café, la Downbeat Room de l’hôtel Sherman (où elle partage la scène avec Fats Waller) et, pour finir, le Three Deuces. C’est là qu’un soir, comme les autres, une amie passe la prendre pour l’emmener voir une certaine Billie Holiday au Garrick Stage Bar.
Un club à deux étages, géré par Joe Sherman, tenancier mélomane qui l’embauche instantanément après l’avoir entendue fredonner dans les escaliers. Joe Sherman, c’est la rencontre qui a tout changé. Non seulement il a eu pendant un an Billie Holiday au rez-de-chaussée et Dinah Washington à l’étage, mais c’est aussi lui qui a trouvé le nom de Dinah Washington, et c’est dans son club que Lionel Hampton a repéré notre héroïne du soir. Bref, c’est au Garrick que Dinah Washington est née.
Après ça, la chanteuse et pianiste enchaîne les albums, se classe en tête de tous les charts et tourne partout dans le monde. Dans les années 1950, elle est l’artiste féminine la plus bankable des États-Unis, tout le monde se l’arrache et les meilleurs musiciens font la queue pour l’accompagner.
C’est à ce moment-là qu’on retrouve notre queen sur TSFJAZZ. Le 15 août 1954, Dinah Washington est à Los Angeles. À ses côtés, on retrouve quelques très grands noms du genre, comme le trompettiste Clifford Brown, le pianiste Junior Mance et même Max Roach à la batterie…
Dinah Washington, Dinah Jams (EmArcy - 1976 - rec. 1975)
Dinah Washington - voix
Clifford Brown, Maynard Ferguson, Clark Terry - trompette
Herb Geller - saxophone alto
Harold Land - saxophone ténor
Richier Powell, Junior Mance - piano
George Morrow, Keter Betts - contrebasse
Max Roach - batterie