Erroll Garner - Turin Concert - 1971

“Le plus beau compliment que je puisse faire à Erroll Garner, c’est de dire qu’il était probablement le pianiste le moins pianistique de tous. Il traitait le piano comme un orchestre, et c’était tout simplement fantastique. Il n’y avait jamais eu de pianiste comme lui avant, et je ne pense pas qu’il puisse y en avoir un autre après”.
Ca, c’est George Shearing, ou l’un des pianistes les plus acclamés de sa génération, qui le dit.
Et il est loin d’être le seul à complimenter allègrement Erroll Garner.
Billy Taylor parlait de lui comme d’un incroyable improvisateur qui arrivait instantanément et dans l’improvisation la plus totale à créer un morceau qui avait tout d’une composition achevée et réussie, à la fois rythmiquement, mélodiquement et harmoniquement. Quelque chose de rhapsodique dans sa musique.
Et même Art Tatum, le dieu du piano jazz, n’avait pas honte de clamer son admiration pour Erroll Garner à qui voulait l’entendre.
Pourtant, sa musique joyeuse et sans prétention, et son indécente popularité lui ont valu quelques critiques, quant on n’allait pas carrément jusqu’à lui refuser le statut de jazzman.
Maintenant, on le sait : Erroll Garner était un jazzman tout ce qu’il y a de plus jazz. Dans sa musique, sa façon de la jouer et d’en parler, mais aussi dans la vie en général, qu’il menait comme une grande improvisation. Le tout dans un style qui ne ressemble qu’à lui et qu’on peut reconnaître au premier coup d’oreille, même sans avoir écouté tous ses disques en boucle. Un style qui marche aussi bien avec le bebop de Charlie Parker que le swing de Slam Stewart, mais aussi (et à l’époque c’est plus surprenant), le rock des Beatles.
L’album qu’on s’apprête à écouter ce soir donne à entendre un Erroll dans la dernière phase de sa carrière. Et vous allez voir, c’est intéressant. En mai 1971, le pianiste donne un concert à Turin, en Italie, dans une formation jazz tout ce qu’il y a de plus classique : le trio piano - basse - batterie. Ernest McCarthy Jr. pour la contrebasse et Jimmy Smith derrière la batterie. Mais comme Erroll Garner ne sait vraiment pas faire comme tout le monde, on pourra également entendre sur quelques pistes un quatrième membre : le percussionniste puertoricain José Mangual.
Un disque qu’on ne croise pas tous les jours, publié sur le label Gambit Records à découvrir ce soir dès 21h dans Jazzlive!
Erroll Garner - Turin Concert (Gambit Records - 2007)
Erroll Garner - piano
Ernest McCarthy Jr - contrebasse
Jimmy Smith - batterie
José Mangual - percussions