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Global-Big In Jazz Collective

Le jeudi 29 juillet 2021, par Laurent Sapir
Encore une Caribbean Story qui nous va droit au cœur ! Emmené par une pléiade de talents originaires des tropiques, le Big In Jazz Collective rend un hommage aussi punchy qu'ému aux figures trop méconnues des musiques antillaises.

C'est l'autre face du COVID. Alors que ce satané virus frappe à nouveau des Antillais trop peu vaccinés, il est à l'origine d'un disque enthousiasmant façonné en résidence collective durant l'été 2020. Dans l'esprit de ses organisateurs, Thomas et Manuel Boutant, il s'agissait alors de faire vivre autrement, vu le contexte sanitaire, le Big in Jazz Festival, héritier de l'ancien Biguine Jazz Festival. "Du chaos naissent les étoiles ", aime-t-on à dire du côté des Antilles... Et du Big In Jazz Festival est né le Big In Jazz Collective.

C'est à la Villa Chanteclerc de Fort-de-France, la principale ville de Martinique, que cette fine fleur du nouveau jazz caribéen s'est donnée rendez-vous. Un pur All-Stars en vérité, avec Jowee Omicil au sax, Maher Beauroy au piano, Ludovic Louis à la trompette, sans oublier Ralph Lavital et Yann Négrit à la guitare, le bassiste Stéphane Castry et les batteurs Sonny Troupé et Tilo Bertholo. Pas de chef, que du soleil dans les cœurs et les échanges. Une même dette commune, surtout, envers la richesse encore trop méconnue du patrimoine musical antillais dont ce collectif gorgé de vibrations s'empare avec allégresse.

L'immense Alain Jean-Marie peut-être fier de ses héritiers. Trois ses compositions sont d'ailleurs célébrées dans cet album parmi lesquels l'emblématique Haïti  (Jowee Omicil, qui est originaire de l'île, n'a pas dû être dépaysé...) et la si douce ballade Mi Belle Journée que le collectif avait déjà jouée à distance lors de la Fête de la Musique 2020. L'émotion est tout autant au rendez-vous dans la reprise du Concerto pour la fleur et l'oiseau interprété en son temps par Jocelyne Béroard, co-fondatrice du groupe Kassav avec Jacob Desvarieux à qui on pense très fort en ce moment.

Ce concerto, on le doit au pianiste Marius Cultier, endetté jusqu'au cou et mort à 43 ans. Plus personne ne voulait publier sa musique alors que Miles Davis le considérait pourtant comme un génie. Le Big In Jazz Collective célèbre également d'autres légendes caribéennes ignorées en métropole comme Alexandre Stellio et Eugène Mona tout en reprenant Tomaline de Marie José Alie, l'une des marraines de la chanson créole. La seule composition du groupe, intitulée Global, et qui constitue la parfaite entrée en matière de l'album, en résume tout l'esprit, et aussi toute la beauté d'une identité lorsqu'elle n'est pas cadenassée. La reprise du Come Together des Beatles, joyeuse et multicolore, en est le feu d'artifice.

Global, Big In Jazz Collective (l'album est sorti le 23 juillet)

 

 

 

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