La dernière blues walk de lou donaldson

Comme beaucoup, c'est à l’armée qu’il rencontre le jazz. Il est envoyé dans la région des Grands Lacs à deux pas de Chicago, capitale incontestée du jazz. Et il fonce droit dedans. Il attrape un saxophone, écoute en boucle les disques de Charlie Parker, et passe le reste de son temps à essayer de jouer comme lui. Ses premiers enregistrements sont d’ailleurs avec des musiciens de bop. Des vrais de vrais, de ceux qui ont passé la guerre à l’inventer dans la cave du Minton’s : Milt Jackson et Thelonious Monk.
Mais Lou Donaldson, sa bande à lui, c’est celle de tous les jeunes musiciens qui ont poussé au son du bop des clubs de New York et du rythm and blues qui régnait en maître sur les radios américaines. Blue Mitchell, Horace Silver, Clifford Brown, Wes Montgomery, et le chef de toute cette troupe, l’homme charismatique, le messager en chef du hard bop : le batteur Art Blakey.
A l’époque, ça ne s’appelait pas encore comme ça. Ça ne s’appelait même pas du tout. C’était trop tôt. Par contre, musicalement, ça avait déjà beaucoup de choses à dire, et ça envoyait. Un be-bop un peu moins acrobatique, et qui se permet quelques petites touches de blues et de gospel. Un bebop sur lequel on peut danser. Et ça change tout.
Lou Donaldson faisait tellement partie de la bande qu’il figure sur l’un des tous premiers enregistrements du genre. Peut -être même LE premier. En tout cas, si l' on en croit certains spécialistes.
C'était le 21 février 1954, sur la scène du Birdland à New York. Derrière l’idée de ce concert, le directeur de la maison Blue Note en personne. Celui qui se servait de son label pour fabriquer le jazz qu’il aimait, j’ai nommé Alfred Lion. Derrière les platines en post production, celui que tous les musiciens venaient voir jusque dans le salon de ses parents au fin fond du New Jersey, où se trouvait son humble studio : Rudy Van Gelder.
Et sur scène, c’était pas mal non plus : Clifford Brown à la trompette, Horace Silver au piano, Curly Russell à la contrebasse, Art Blakey à la batterie (c’est son quintet après tout), et bien sûr Lou Donaldson au saxophone.
Il est pour lui ce Jazzlive, alors rendez-vous à 21h sur TSFJAZZ!