Hailu Mergia au New Morning

Dans les années 70, il était le leader du Walias Band, le groupe le plus enflammé d’Addis-Abeba. Dans les années 80, après la révolution éthiopienne, il s'exile au États-Unis pour fuir le règne de terreur du dictateur Mengistu. Il passe les deux décennies suivantes à travailler en tant que taxi à l'aéroport de Washington, en gardant toujours un clavier sur sa plage arrière pour pouvoir jouer entre deux courses.
Jusque-là, je vous l'accorde, l'histoire d'Hailu Mergia n'est pas très joyeuse, mais je vous rassure : elle a une fin heureuse. Et même, un nouveau départ.
Au tout début des années 2000, Brian Shimkovitz, blogueur et tout nouveau directeur du label "Awesome Tapes From Africa", tombe sur une vieille cassette en fouillant dans ses cartons. Vous me voyez venir, c'était un album d'Hailu Mergia, enregistré plus de 30 ans auparavant. En 2013, "Hailu Mergia & His Classical Instrument" est ré-édité, rapidement suivis de "Tche Belew", puis "Wede Harer Guzo". Chaque sortie est un succès.
De quoi convaincre Brian Shimkovitz de proposer au multi-instrumentiste un projet encore plus fou : enregistrer un nouvel album, avec toutes les mélodies composées dans son taxi pendant deux décennies d'exil.
Une chance qu'Hailu Mergia n'allait certainement pas refuser. En 2018, il sort "Lala Belu". Un disque dans lequel il ne se contente pas de nous resservir ce qu'il faisait dans les années 80. Sa musique a évoluée avec lui, mais aussi au contact de ce nouveau public, de ses nouveaux musiciens, et de cette nouvelle maison de disque. "Lala Belu" marque la deuxième naissance du musicien.
C'est donc un tout jeune musicien de 74 ans que l'on pourra écouter ce soir dans Jazzlive, en direct du New Morning de Paris. Rendez-vous à 20h30!