Return to Forever live at the Palladium Theatre - 1977

Il s’en passait des choses dans les années 70. Fin des Trente Glorieuses, libération sexuelle, invention de l’ordinateur personnel et du Rubik's Cube, naissance du reggae, du hard rock, du punk, … Bref, une décennie de révolutions capitales pour l’humanité, et parmi elles : le jazz fusion. 

Les spécialistes se battent encore pour savoir s’il vaut mieux dire "jazz fusion", "jazz rock", ou juste "fusion", et si oui ou non, c’est bel et bien Miles Davis qui l’a inventé. Quoi qu'il en soit, il était de l'aventure, et s'il n'était pas capitaine, il aura au moins été un honorable lieutenant. En 1964, il fonde son second grand quintet avec une bande de jeunes musiciens : Wayne Shorter, Ron Carter, Herbie Hancock, Tony Williams. Avec eux, il commence à élaborer les futures caractéristiques du jazz fusion, en s’inspirant de ce qu’il se passait ailleurs. Dans le rock par exemple, où des gars comme Jimmy Hendrix ouvraient la voie électrique. 

Des sonorités que Miles explore en 1968 dans l’album “Filles du Kilimandjaro”. A ses côtés pour la première fois, un pianiste qui deviendra le pianiste incontesté de la fusion : Chick Corea. Pourtant, comme tous les jeunes de son âge, c’est le bebop qui pousse Chick dans le jazz. Comme ça, par foudroiement. Il n’a pas 20 ans, il vient d’arriver à New York, et un soir, au Birdland, il tombe sur Charlie Parker et John Coltrane en train de jouer les Feuilles Mortes. Après ça, naturellement, il arrête l’université.

Il passe quelques années à déambuler dans l’avant-garde, avant de prendre un tout autre tournant. Et pas que dans sa musique. Il se convertit à la Scientologie, et décide que sa priorité est dorénavant de communiquer avec son public. Pour ça, il lui faut une autre musique, une musique plus accessible, une musique qui rassemble… 

En 1972, il crée le groupe Return to Forever avec lequel il élabore un jazz fusion teinté de sonorités latines. Après 5 albums studios, Return to Forever s’impose comme l’emblème de cette révolution musicale, et ne s'arrêtera pas de tourner, jusqu’à la mort de Chick Corea, en 2021. 

On les écoute ce soir dans Jazzlive, avec leur tout premier concert enregistré, en 1977, au Palladium de New York...