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LA VITA E BELLA
STEFANO DI BATTISTA

2010-2019 : une décennie de jazz - Partie 1

Le vendredi 03 janvier 2020, par L'Equipe TSFJAZZ
On tourne la page de décennie 2010... Retour sur les moments jazz les plus forts de ces 10 dernières années en mots et en musique !

2010, UN STONE A PARIS & UNE ETOILE NOMMEE CECILE MCLORIN-SALVANT

Charlie Watts ne l’a jamais caché : il est dingue de jazz depuis sa jeunesse et ne manque jamais une occasion de le faire savoir. C’est avec cette passion en tête, que le batteur des Rolling Stones choisit en septembre 2010, le Duc des Lombards, à Paris, pour présenter son projet, The A, B, C & D of Boogie Woogie, à l’occasion de huit concerts événements et à guichets fermés, en compagnie des pianistes Alex Zwingenberger et Ben Waters.

Un mois plus tard au Kennedy Center de Washington DC, une élève du Conservatoire d’Aix-en-Provence remporte la prestigieuse Thelonious Monk Competition, devant un jury notamment composé de Dee Dee Bridgewater et Al Jarreau. Cécile McLorin Salvant a 21 ans et s’est inscrite au dernier moment, sur les conseils de sa mère. Ce n’est pour elle que le début d’une aventure qui la verra par la suite raffler trois Grammy Awards au cours de la décennie et s’imposer comme l’une des voix jazz majeures de notre temps.

Enfin, lorsque sonne l’heure de notre top de fin d’année, notre équipe plébiscite le 4e album du trompettiste Christian Scott pour Concord, Yesterday You Said Tomorrow. Un projet en quintet, tour à tour rageur et lyrique, avec en cerise sur le gâteau une reprise du leader de Radiohead, The Eraser.


 

2011, LE TOURNANT AFRO-BEAT D’ERIC LEGNINI & L’ECLOSION D’UNE NOUVELLE REVUE JAZZ

Au tournant de la quarantaine, et au sortir d’un voyage marquant au Ghana, le pianiste Eric Legnini signe début mars l’un de ses albums les plus étonnants, The Vox,  dans lequel cet apprenti-sorcier des claviers crée une subtile alchimie entre afro-beat, jazz soul et folk pop. Certaines mélodies ont été coécrites avec la jeune chanteuse Krystle Warren.

2011, c’est également la naissance  au printemps d’une nouvelle revue, Jazz News, étendard d’un jazz décomplexé dont l’équipe est constituée en grande majorité d’anciens collaborateurs des magazines Jazzman et So Jazz… Une aventure journalistique lancée par Thomas Boudrant, ancien responsable de publicité à Jazz Magazine. Les premiers numéros mettent notamment en avant la chanteuse Youn Sun Nah et le trompettiste Ambrose Akinmusire tout en rendant un hommage remarqué au vocaliste et poète disparu Gil-Scott Heron.

Quant à notre palmarès de fin 2011, il met en avant Diagnostic, du trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf avec à la clé un univers tout en mélodies voyageuses et en transe percussive. C’est grâce à ce troisième album qu’Ibrahim Maalouf va rencontrer son public. Ce sera sa carte de visite, synonyme d’une série de grandes tournées un peu partout dans le monde.

 
                                              

 2012, HERBIE HANCOCK CELEBRE LE JAZZ DAY & DJANGO REINHARDT S’EXPOSE

C’est avec un parrain et un ambassadeur des plus illustres, le pianiste Herbie Hancock, que l’Unesco célèbre à Paris la première Journée internationale du jazz, ce 30 avril, de manière à reconnaître cette musique comme un langage universel de liberté et de créativité. Concerts gratuits, rencontres, master classes… Mister « Watermelon Man » est entouré comme il se doit lors de cette journée-marathon avec à ses côtés Marcus Miller, George Benson, Dee Dee Bridgewater et Biréli Lagrène.

Autre temps fort de l’année, en octobre, l’exposition « Django Reinhardt, Swing de Paris » à la Cité de la Musique. C’est Vincent Bessières, déjà aux manettes de « We Want Miles » au même endroit trois ans plus tôt, qui pilote cet hommage au héros mythique du jazz manouche avec à la clé des photos rares, des partitions, des instruments de musique et des documents inédits. 

Un parfum d’Israël enfin dans notre top 2012. Meilleur album cette année-là, Suite of The East, du contrebassiste Omer Avital. Né dans la banlieue de Tel-Aviv, c’est sur la scène new-yorkaise qu’il a fait ses preuves avec à l’arrivée une profusion de mélodies et un jazz synonyme de voyage et de partage.

 

2013, L’ACCORDEON ENTRE DANS LE 21e SIECLE & KEITH JARRETT N’IRA PLUS A JUAN

Un accordéoniste trentenaire originaire de Nice révolutionne son instrument. Son nom ? Vincent Peirani. Repéré aux côtés de la chanteuse Youn Sun Nah et couvé par Daniel Humair et Michel Portal, il sort en avril sur le label ACT un album tout en frissons, Thrill Box, jouant tour à tour de la caresse et de l’effusion avec son bon vieux « piano à bretelles ».

Keith Jarrett, lui, n’est plus en odeur de sainteté à Jazz à Juan où il était régulièrement invité. Après un concert en demi-teinte où le pianiste, d’après certains spectateurs, a multiplié les caprices tout en faisant le service minimum en deux sets d’à peine trois quarts d’heure, la direction du festival décide à l'avenir de se passer de ses prouesses. L’annonce tombe en octobre. Une première depuis 22 ans…

Quand sonne, enfin, l’heure de notre top de fin d’année 2013, c’est le piano fertilisé de Marc Cary qui l’emporte avec son disque, Four Directions. Chez ce protégé de la regrettée Abbey Lincoln dont l’arrière-grand-mère pianotait au côté d’Eubie Blake, pionnier du Ragtime, la note bleue est à la fois acoustique et électrique, black et amérindienne, psyché ou alors transcendée par le swing le plus cristallin.

 2014, PREMIER FRENCH QUARTER A NEW-YORK & RENOUVEAU DU LABEL IMPULSE !

"Ceux qui imaginent que les musiciens français jouent de l'accordéon en basket avec des baguettes coincées sous les bras auront le même choc que le fait de recevoir un verre de champagne en plein visage"… C'est le Wall Street Journal qui s’enthousiasme de la sorte en janvier alors que le Smalls Jazz Club accueille le premier festival French Quarter à New-York à l’initiative du Paris Jazz Club. L’occasion, en plein Winter Jazz Fest, d’applaudir, entre autres, Thomas Enhco, Eric Legnini ou encore Adrien Moignard accompagnant Cyrille Aimée

Autre temps fort de l’année, la renaissance d’un label d’avant-garde, Impulse ! Dans le rôle du faiseur de miracles, Jean-Philippe Allard, honoré en juillet par le prix Bruce Lundvall du Festival International de Jazz de Montréal. Première pépite, Viper Drag, qui réunit le pianiste néo-orléanais Henry Butler et le trompettiste new-yorkais Steven Bernstein

Et puis notre meilleur album de l’année, en 2014, il est français : Guillaume Perret, avec son sax tendance Mad Max qui donne un sacré souffle à son 2e album, Open Me. Entre deux transes sonores, une dramaturgie particulièrement aboutie scotche l’équipe de la radio.

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