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Abécédaire Michel Petrucciani

Le vendredi 11 janvier 2019, par Laurent Sapir

À l'occasion du 20e anniversaire de la disparition de Michel Petrucciani, TSFJAZZ a commencé à diffuser ce lundi un abécédaire qui sera régulièrement complété tout au long de cette semaine:

A comme Alexandre. L'enthousiasme et la pudeur incarnés. Alexandre Petrucciani n'a que neuf ans lorsque son père est emporté par une pneumonie. Atteint, comme lui, de la maladie des os de verre et toujours proche de sa mère, Marie-Laure Roperch, qui fut la 2e compagne du pianiste, Petrucciani Jr continue à veiller sur le catalogue de son père, notamment à travers une société d'édition et en lien avec son demi-frère, Rachid. Dans ses moments de loisir, Alexandre écoute Stevie Ray Vaughan, Jimi Hendrix, Art Tatum... Quand on me demande de parler de mon père,  je le vois toujours avec les yeux d'un enfant", écrivait-il il y a quelques années. Et il ajoutait: "Pour moi, c'est mon père, mon héros, ma fierté et mon courage, mais pour les autres ? Peut-être un espoir, une émotion, un sentiment partagé..."

B comme Batteur. Un batteur qui serait aussi un ange-gardien, qui vous prendrait sous son aile ou alors sur son épaule, ou encore dans les bras. Voilà ce qu'a été Aldo Romano pour Michel Petrucciani. Ils se rencontrent lors d'une fête de village, dans le sud de la France.  16 ans et plein de rêves en tête d'un côté, 39 années de bouteille de l'autre..."Il se met au piano, et, là, le ciel me tombe sur la tête", écrira plus tard Aldo Romano. Résultat: un premier disque, Flash, avec le renfort du tromboniste Mike Zwerin, puis la signature chez Owl Records, le label indépendant de Jean-Jacques Pussiau. L'osmose entre les deux musiciens sera totale, jusqu'à ce que l'Atlantique devienne pour Aldo Romano un océan de chagrin tant il ne s'est jamais remis du départ de Michel Petrucciani pour les Etats-Unis.

C comme Californie. De quel côté aborder l'Amérique ? Côte Est ou côte Ouest ? Réponse en 1981 lorsque Michel Petrucciani débarque sans le sou à San Francisco, répondant à une vague invitation d'un ami ardéchois, Tox Drohart, lequel vivote à droite et à gauche. Ce dernier est notamment en train de refaire le toit de la résidence de Charles Lloyd, le saxophoniste-phare de l'époque Summer of Love reconverti, depuis, dans l'immobilier. Invitation, démonstration sur un Steinway modèle B... En entendant le jeune pianiste, Charles Lloyd sort le saxo de son grenier et retrouve immédiatement le goût de la musique. L'aventure donnera lieu à trois albums. Ironie du sort, Michel Petrucciani ne savait même pas qui était Charles Lloyd. Il ignorait aussi le nom de Keith Jarrett qui avait justement débuté au côté du compositeur de Forest Flower...

D comme Dreyfus.  1992. Après sept ans chez Blue Note, Michel Petrucciani change d'ambiance à l'occasion de son retour en France. C'est Francis Dreyfus qui lui offre avec son label, Dreyfus Jazz, un mode de vie moins erratique -Michel Petrucciani apprend enfin à payer ses impôts- et surtout une structure moins gargantuesque mais où l'artiste a d'avantage son mot à dire. Une liberté que le pianiste savoure d'emblée en associant, sur l'album Marvellous, un quatuor à cordes à un trio de jazz intégrant deux légendes, Dave Holland et Tony Williams. Autre temps fort de cette collaboration, le double CD live Au théâtre des Champs-Elysées qui aura été à Petrucciani ce que le Köln Concert fut à Keith Jarrett... "Sauf que nous, aimait-il à dire, on a rien retouché, rien changé, pas une seule note"...

E comme Eddy Louiss. C'est avec l'une de ses idoles, l'organiste Eddy Louiss, que Michel Petrucciani fait équipe en 1994 au Petit Journal Montparnasse, haut lieu du jazz parisien à l'époque. Une rencontre haute en couleur et qui va donner lieu à deux sessions sous le titre Conférence de presse, clin d'œil aux réticences d'Eddy Louiss pour tout ce qui est promo et interview. Résultat: un jazz enjoué, vif, espiègle, à l'instar d'une mémorable reprise du So What de Miles Davis... Une pure et belle conversation, également, entre deux tempéraments pourtant bien différents: l'ogre nonchalant de l'Hammond B3 d'un côté, l'extraverti petit poucet du piano de l'autre... La preuve, enfin, que malgré une notoriété inédite pour un musicien de jazz, Michel Petrucciani n'oublie pas que les notes bleues respirent d'abord dans les clubs.

F comme Femmes. « Tiens, je te présente ma femme ! », balance-t-il un soir à Freddie Hubbard alors qu’il vient à peine d’aborder l’une de ses futures conquêtes. Irrésistible Michel Petrucciani, feu follet de romance malgré ses os calcinés et ses poumons fragiles. Il y eut ainsi Erlinda Montaño, l'Indienne Navarro rencontrée en Californie; Marie-Laure Roperch qui lui donnera un fils, Alexandre; Gilda Butta, la pianiste italienne et enfin Isabelle Mailé qui lui tient la main dans les derniers moments et qui partira trop tôt, elle aussi, en 2005. Il y eut aussi les officieuses. Là, c'est une autre histoire, ou alors peut-être la même,  ainsi résumée par l'une de ses ex dans un documentaire de Michael Radford. "Le rêve de Michel, disait-elle, c'était de marcher le long d'une plage, une femme à ses côtés"...

G comme Grappelli. Un autre vieux rêve après le duo avec Eddy Louiss... Du 15 au 17 juin 1995, c'est avec le mythique Stéphane Grappelli que Michel Petrucciani enregistre Flamingo, son plus grand succès avec plus de 100 000 albums vendus. Roy Haynes à la batterie et Georges Mraz à la contrebasse complètent le quartet sous le regard toujours affûté de Francis Dreyfus qui a eu l'idée de ce disque. Piano et violon, l'osmose parfaite. Sur le morceau éponyme de l'album, le son de Grappelli est comme du velours... Cet alliage entre le clavier et l'archet, Michel Petrucciani l'avait inauguré deux ans plus tôt au festival de Calvi, en Corse, en partageant la scène avec un autre violoniste de légende, un certain Didier Lockwood.

H comme Harmonique. "Des virages harmoniques pas piqués des dièses". C'est en ces termes que le M. Jazz du Monde, Francis Marmande, a résumé un jour le style de Michel Petrucciani. Envolées harmoniques mais aussi mélodiques, le tout enveloppé dans une sensibilité impétueuse faisant soudainement jaillir, comme le note Noël Balen dans son Odyssée du Jazz, "un trait foudroyant" et une "vélocité tout en pointillés". Un autre spécialiste, Philippe Baudoin, a lui aussi relevé l'éventail harmonique de Petrucciani, un éventail qui évite en même temps les tensions trop grandes ou prolongées et qui en fait, "dans la lignée de Bill Evans, le pianiste des atmosphères nocturnes et envoûtantes".

I comme Instrument. Michel Petrucciani n'a jamais eu le fétichisme de l'instrument. Dans une interview accordée à Denis Jeambar pour L'Express, il avouait même que le fait d'avoir joué un jour en Suisse sur le piano du célèbre Vladimir Horowitz ne l'avait pas tant bluffé que ça: "Le piano est vieux, il faudrait en changer", avait-il alors lâché... Il prenait toujours soin, en même temps, après chaque concert, de fermer le couvercle de son fameux Steinway modèle D auquel il est resté fidèle. Cette façon de ne jamais laisser le clavier à découvert mais aussi de se taire et de quitter la scène une fois le concert terminé, c'était aussi pour signifier que le silence, parfois, est la plus belle des musiques, ainsi que le relève son biographe, le pianiste et musicologue Benjamin Halay.

J comme Jouet. C'est Noël. Les parents de Michel Petrucciani lui offrent un petit piano d'enfant, un piano-jouet. Le gamin n'apprécie pas, il trouve que le piano ne sonne pas comme ce qu'il a déjà entendu, à la télévision, notamment dans une fameuse émission avec Duke Ellington auquel il consacrera plus tard l'un de ses plus beaux disques. Le gamin réclame un marteau et il pulvérise son cadeau de Noël... "Est-ce que maintenant, je peux en avoir un vrai ?", demande t-il à son père, Tony. Impressionné par tant de détermination, ce dernier offrira à son fils un vieux piano déglingué. Pour tenir compte de son handicap, il lui fabriquera également une extension pour que les pieds du pianiste prodige puissent atteindre les pédales.

K comme Konitz: Après sa rencontre décisive avec Charles Lloyd, c'est avec le saxophoniste alto Lee Konitz, autre géant du jazz américain, que Michel Petrucciani enregistre au printemps 1982 Toot Sweet, son premier album en duo. Avec près de 40 000 copies vendues, ce sera son plus grand succès en ce qui concerne la période Owl Records, son premier label. Sous le titre, "Lee et Michel", le Jazz Magazine de l'époque relève l'extrême concentration qui a présidé à cet enregistrement, mais le plus beau commentaire est signé Alain Gerber dans les notes de pochette: "Tout est encore impossible puisqu'ils ne se disent rient et font, dans ce vibrant silence, dans ce cristal lustre, monter un soleil neuf, tout bleu".

L comme Looking Up: Il était une fois un tube... C'est dans Music, son 4e album pour Blue Note qui l'a recruté quatre ans plus tôt, que Michel Petrucciani grave en 1989 ce fameux Looking Up qui sera sa composition la plus jouée. Il y a tout dans Looking Up: l'élan mélodique, la virtuosité, et puis aussi, d'après François Lacharme, qui préside aujourd'hui l'Académie du Jazz, "cette cambrure brésilienne évoquant par son côté vif argent le meilleur Chick Corea"... Au départ, il était question que ce morceau referme un album qui, par ailleurs, donne la part belle par ailleurs aux synthés et à la basse électrique. C'est Michel Petrucciani qui insistera pour que Looking Up fasse plutôt l'ouverture. Ceci explique peut-être cela...

M comme Montélimar: Dans les années 60 et 70, la famille Petrucciani vit d'abord dans la région d'Orange, près d'Avignon, puis à Montélimar, dans la Drôme, où Tony, le père, ouvre un magasin de musique rue Pierre Julien. Michel Petrucciani y passe beaucoup de temps. Il répare les cassettes coincées dans l'autoradio, accorde les guitares ou alors il fait des démonstrations à l'orgue pour les clients. Ces derniers sont ravis, ou presque. Une fois, un couple d'acheteurs rapporte l'instrument au magasin: "On ne comprend pas, quand notre fils joue, cela ne fait pas pareil qu'avec le vôtre"... En parallèle, Tony Petrucciani donne des cours de musique. Parmi ses étudiants, la future comédienne Marianne James.

N comme New-York: C'était New-York. Pour lui, c'était le "paradis du jazz". Après quatre ans passés à Big Sur, en Californie, Michel Petrucciani s'installe à Brooklyn en 1985, parallèlement à son entrée chez Blue Note. Jamais jusque là ce label mythique n'avait engagé d'Européen. Vient alors le temps de l'immersion totale dans la ville, dans ses clubs et dans son rythme trépidant. Même après son retour sur Paris, Michel Petrucciani conservera des attaches à New-York. C'est aussi dans cette ville, malheureusement, qu'il succombe le 6 janvier 1999, à l'hôpital Beth Israël, victime d'une pneumonie contractée au creux d d'une santé faiblissante, d'un agenda de concerts exténuant et d'un hiver particulièrement vigoureux.

O comme Owl Records: 1981. C'est avec Michel Petrucciani dans ses bras que le batteur Aldo Romano débarque dans les bureaux parisiens d'Owl Records, le label indépendant créé par Jean-Jacques Pussiau.  "Salut, Jean-Jacques, dégaine Aldo, tu connais Michel ? On va faire un disque"... "Ok, quand ça ?", répond le producteur qui, en plus d'être un modèle d'intégrité, a toujours eu un faible pour les pianistes, de Ran Blake à Michel Graillier. "A mon tour, dira Jean-Jacques Pussiau, j'ai porté Michel dans mes bras, contre ma poitrine, comme on porte un enfant dont on entend battre le cœur"... Peu de temps avant la disparition du pianiste, Jean-Jacques Pussiau revoit une dernière fois Michel Petrucciani à Paris. Il lui fera écouter des reprises de ses compositions par un orchestre symphonique.

P comme Précoce: dès l'âge de 4 ans, Michel Petrucciani étudie le piano classique. Il a à peine 12 ans et il joue déjà en trio avec son père guitariste, Tony, et l'un de ses grands frangins, Louis, qui officie à contrebasse. Il souffle ses 15 bougies, et voilà qu'un premier géant de la note bleue écarquille les yeux sur cet ado si précoce. Ce géant, c'est le batteur Kenny Clarke, de passage au Théâtre de Montélimar avec à ses côtés Daniel Humair, carrément bluffé lui aussi. Un an plus tard, c'est le trompettiste Clark Terry qui craque à son tour après avoir entendu le jeune pianiste au côté de Bernard Lubat lors d'un festival dans la Drôme. Quelqu'un, plus tard, dira de Michel Petrucciani que dés 13 ans, "il jouait comme un vieil homme noir perdu dans un piano-bar, quelque part, à Mexico… »

Q comme Quatre-vingt-dix-neuf centimètres:  99 cm de haut et tellement plus grand en vérité... Atteint dés sa naissance par une ostéogenèse imparfaite (on dit aussi maladie de Lobstein ou alors maladie des os de verre), Michel Petrucciani voit sa croissance très vite stoppée ainsi que ses os fragilisés. Il mettra pourtant un point d'honneur à dresser, face à cette satanée maladie, toute la force de son jeu de piano, toute cette gouaille de Little Big Man qu'on lui a toujours connue, tout l'éventail d'une vie amoureuse aussi riche qu'endiablée, et  tout le génie auquel ne résiste aucun handicap, surtout quand on s'appelle BeethovenToulouse-LautrecStephen Hawking, ou alors Michel Petrucciani.

R comme Rachid: "I dedicated this record to my children, Rachid et Alexandre", écrit-il sur la pochette de l'album Marvellous, sorti en 1994. Mais c'est sur un autre disque, Playground, paru trois ans plus tôt alors qu'il est encore chez Blue Note, que Michel Petrucciani va directement rendre hommage àRachid, le premier fils de sa 2ème compagne, Marie-Laure Roperch... Un enfant qu'il a toujours considéré comme le sien, au même titre qu'Alexandre dont il est le père biologique. De ce prénom, il fera le titre de l'une de ses compositions les plus poignantes, Rachid, une sorte de valse toute en poésie et en accords altérés avec une coda d'anthologie... Un thème qu'il va aussi reprendre en live et dont l'une des versions sera intégrée dans le coffret des 10 ans de TSFJAZZ: 1999-2009.

S comme September second: avec Looking Up, Brazilian Like et Rachid, September Second demeure certainement l'une des compositions les plus connues de Michel Petrucciani, ne serait-ce que dans son groove incroyable. Le titre fait référence à la date d'anniversaire de sa compagne de l'époque, Marie-Laure Roperch, et ce sera la première plage du disque-phare des années Blue Note, Playground, où Petrucciani s'entoure notamment d'Anthony Jackson à la basse et d'Omar Hakim à la batterie. September second connaîtra une autre postérité avec le fameux live de Tokyo, en 1997, toujours au côté d'Anthony Jackson mais avec cette fois Steve Gadd à la batterie. D'après plusieurs témoins, c'était le trio dont Michel Petrucciani était le plus fier.

T comme Tony: dans la famille Petrucciani, on est musicien de père en fils. Si Michel a peu parlé de sa maman, Anna, qui était d'origine bretonne, il est resté intarissable sur son guitariste de père, Antoine, dit Tony, lui-même fils d'un tailleur napolitain qui jouait aussi de la guitare avant de s'établir à Toulon. C'est Tony qui va initier son fils au jazz, et surtout aux chorus de Wes Montgomery, c'est Tony qui sera aussi son premier professeur. De Orange, où est né Michel, à Montélimar où le chef de famille ouvre un magasin de musique, cette figure du père, à la fois prude, timide et exigeante, restera fondatrice dans le parcours du pianiste. Ils joueront à nouveau ensemble à Lyon en 1992. Il en résultera un CD magique et émouvant tout simplement intitulé Conversation.

U comme Urgence: "Il y avait chez lui cette urgence, la conscience que son existence serait peut-être plus courte que ce qu’il était en droit d’espérer"... C'est le réalisateur Frank Cassenti, auteur du documentaire Lettre à Michel Petrucciani, qui s'exprime en ces termes. Le journal Le Monde, pour sa part, titre sur "Michel Petrucciani, un jeune homme pressé", au lendemain de sa disparition. "Parce que le temps, la vitesse, l'énergie, le calcium, la jouissance, tout passait dans le trou noir de la musique", écrit notamment Francis Marmande. Sa dernière année sera une course contre la montre: pas moins de 105 prestations, indépendamment des enregistrements discographiques.

V comme Village Vanguard: c'est aux côtés du batteur Eliot Zigmund et du contrebassiste Palle Danielsson que Michel Petrucciani monte sur la scène du mythique Village Vanguard, à New-York, le 16 mars 1984. C'est avec ce trio qu'il signera quelques mois plus tard son premier album pour Blue Note,Pianism. En attendant, il débute au Village Vanguard avec Nardis en hommage à l'un de ses maîtres, Bill Evans, dont Eliot Zigmund fut aussi le batteur... Michel Petrucciani retournera au Village Vanguard huit ans plus tard, non pas pour un concert mais pour fêter son mariage avec la pianiste Gilda Buttaqui portera ce soir-là une copie de la fameuse robe en satin portée par Rita Hayworth dans Gilda, le film qui l'a rendu célèbre dans le monde entier.

W comme Wayne Shorter: 14 juillet 1986. Feu d'artifice au Montreux jazz festival où Michel Petrucciani fait la jonction avec celui qu'il considère comme l'un des plus grands compositeurs du 20e siècle, le saxophoniste Wayne Shorter. Un autre géant, Jim Hall, complète ce trio atypique guitare/piano/saxophone qui donnera naissance au 2e album du pianiste chez Blue Note, Power of Three. Michel Petrucciani va retrouver Wayne Shorter en 1990 au sein du collectif Manhattan Project initié par le batteur Lenny White, avec également dans le casting Stanley Clarke. Une rencontre sans lendemains, au grand dam de Michel Petrucciani qui aurait tant rêvé de poursuivre l'aventure avec Wayne Shorter...

X comme XXL: Bob Brookmeyer, Ron Carter, Jack DeJohnette, Steve Grossman, Charlie Haden, Roy Haynes, Jim Hall, Jo Henderson, Freddie Hubbard, mais aussi Lee Konitz, Charles Lloyd, Joe Lovano, Gary Peacock, Gonzalo Rubalcaba, Wayne Shorter, Tony Williams... C'est bien avec le gratin XXL du jazz mondial que Michel Petrucciani a joué et multiplié les rencontres. Même le plus XXL, le plus hors-norme des jazzmen, Miles Davis en personne, n'était pas insensible à son talent: "Keep on playing, man, you sound good- Continue à jouer, mon gars, tu sonnes vraiment bien!", lui lâche-t-il un jour au téléphone...

Y comme Yeux grands ouverts: Quand Michel Petrucciani joue, observe son biographe, Benjamin Halay, "il regarde en l'air, les yeux grands ouverts, comme pour lire une partition dans le ciel". Ou alors comme une manière d'entrer en religion dans un degré total de concentration... "Regarde Coltrane, disait-il, si tu l'écoute en disque, tu imagine quelqu'un qui bouge énormément, alors qu'en fait, il a les yeux fermés, il fait des notes et il ne bouge presque pas"... Les yeux de Michel Petrucciani se fermeront définitivement à 36 ans. Le même âge qu'Eric Dolphy, Marilyn Monroe, Bob Marley et, à quelques semaines près, Wolfgang Amadeus Mozart.

Z comme Zygomatiques: les fameux muscles zygomatiques, ceux qui déclenchent le rire, ceux que les blagues parfois interdites aux moins de 18 ans, le sens de l'auto-dérision et l'humour légendaire de Michel Petrucciani mettaient à rude épreuve, surtout avec son accent méridional en bonus. "Soyons flamboyant, brûlons la chandelle par les deux bouts », aimait-il à dire... Pas sûr, d'ailleurs, que l'esprit soit toujours chagrin au cimetière du Père Lachaise où la tombe de Michel Petrucciani est située juste en face de celle de Pierre Desproges...

 

 

 

 

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